La sidération provoquée par la nouvelle Administration Trump n’est pas issue d’un accident de l’histoire mais puise ses sources dans une conception très ancienne spécifique aux États-Unis. Il y a toujours eu une forme de rejet de tout ce qui n’était pas américain, poussant à un unilatéralisme forcené et à un égoïsme sacralisé, aujourd’hui au pouvoir à Washington. Lire les premières lignes
Parmi les livres – Requiem pour un empire. Les États-Unis et le piège afghan, 2001-2021 (T 1637)
- Jean-Philippe Immarigeon - 3 pagesLa crise n'est ni une surprise ni une catastrophe. Annoncée depuis une décennie, elle signe la fin d'une civilisation atlantique qui a fait son temps et doit être remplacée. Mais comment faire pour penser « en dehors de la boîte » ? Lire la suite
Après plus de deux siècles d'un mariage chaotique que l'on s'obstine à croire d'amour alors qu'il ne fut dès l'origine que de raison, la France et les États-Unis n'en finissent pas d'afficher leurs divergences de valeurs que d'aucuns nomment convergence d'intérêts. Les questions d'Orient et du terrorisme mettent de nouveau cette béance en lumière. Lire la suite
Les États-Unis, suivis en cela par la France, justifient le recours à la collecte de données en masse et à la surveillance généralisée par une volonté de renforcer la sécurité. Ces évolutions ne peuvent conduire qu'au chaos, les systèmes d'information et de communication n'étant pas en mesure de remplacer la présence humaine sur les théâtres d'opération. Lire la suite
Dans la guerre ouverte le 11 septembre 2001, si l'on mesure une victoire à l'objectif initialement fixé, celui-ci n'a de toute évidence pas été atteint. Nous sommes entrés dans une pure représentation de la crise pour ne pas en voir les fondements, et les États-Unis recherchent la guerre pour la guerre et non la victoire : leur pouvoir résidant non dans le fait de vaincre le plus rapidement possible, mais dans celui de faire étalage de leur puissance le plus longtemps possible. Lire la suite
Parmi les amabilités que les États-Unis ont réservées à la France lors de la crise irakienne, a ressurgi l'accusation d'être encore dans l'esprit de Munich. Or la bien mal nommée hyperpuissance est en train de démontrer son incapacité à imposer sa vision d'une société où le droit ne serait que la résultante de la force et du fait accompli, elle qui ne se projette dans le monde que par la violence. Lire la suite
Quelle que soit l'issue de la crise irakienne, le président George W. Bush a conduit son pays dans un piège : sa rhétorique guerrière dresse le monde contre lui, et l'Amérique est désormais vue comme une nuisance. Il n'est pas déraisonnable de penser qu'elle mettra un terme à l'ère des empires. L'Europe peut y voir une chance à saisir, à condition de ne pas se tromper elle-même de projet. Lire la suite
Si l'Amérique est revenue au centre de toutes les disputes, elle l'est comme sujet, en ceci qu'il faut repartir de la représentation qu'elle se fait d'elle-même pour comprendre la grave crise identitaire qui secoue une nation uniquement préoccupée d'elle-même, piégée dans son refus d'un monde pris comme principe de corruption. Lire la suite
Érigée en punition des péchés de 1789 par le régime de Vichy, signe irréfutable de la disqualification de la France pour beaucoup, la défaite de mai-juin 1940 continue d'alimenter la dénonciation d'une nation jugée coupable. Mais l'effondrement français fut avant tout un succès allemand qu'aucune logique n'annonçait a priori, et c'est mentir avec la mémoire que de se complaire dans la représentation convenue d'un événement qui n'a d'autre signification que d'être un pari gagné par le Blitzkrieg. Lire la suite
Les attentats de New York et Washington ont fait ressurgir des appels à la guerre totale d'un autre âge dont s'inquiètent les Européens. S'affrontent, de part et d'autre de l'Atlantique, deux visions radicalement différentes du droit, donc du monde. Et si le choc des civilisations n'était pas celui que l'on croit ? Lire la suite
Dès avril 2002, nous annoncions un « accident impérial » absolument prévisible. Bien plus que contingent, il est inscrit dans les racines les plus profondes de l'histoire américaine. La place de puissance dominante d'un XXIe siècle encore à définir étant désormais vacante, comment l'Europe compte-t-elle s'y prendre pour l'occuper ? Et d'ailleurs, est-il souhaitable qu'elle le veuille ? Lire la suite
Concluons notre relecture des relations transatlantiques qui nous a permis d'anticiper la confrontation que les États-Unis recherchent avec l'Europe. Il ne s'agit pas d'une simple dispute infra-occidentale au sein d'une communauté soudée par un socle de valeurs communes car l'Amérique a toujours rejeté la modernité européenne et n'a de raison d'être que dans ce refus fondateur. C'est à la lumière de l'actualité, et d'un despotisme non pas démocratique mais américain, qu'il faut relire Tocqueville. Lire la suite
Savoir le monde pour le gérer. Voilà l'ambition affichée par ceux qui vantent leurs modèles de management, alors que leur incapacité à répondre aux défis du terrorisme, de la prolifération nucléaire, de la pénurie d'eau ou des pandémies, ou tout simplement à gagner la guerre en Irak, sonne le glas de leurs ambitions. 2005 avait déjà révélé que le postulat déterministe avait atteint ses limites : 2006 aura montré qu'il n'a rien d'autre à proposer que la fuite en avant. Lire la suite
Afghanistan, Otan, Livre blanc : voilà la trilogie de notre future défense. Rupture radicale, elle semble n'avoir d'autre fondement que la volonté de clore la dispute irakienne et de s'aligner sur la politique américaine. Encore faudrait-il expliquer pourquoi il est urgent d'adopter une pensée managériale qui mélange guerre et stratégie, et dont l'échec est une nouvelle fois patent en Orient. Lire la suite
Au moment même où les conclusions du Livre blanc bousculent notre approche stratégique, voilà que la Rand Corporation découvre que le concept de guerre contre le terrorisme n'est qu'une chimère, qu'Al-Qaïda représente un risque proche de zéro, et que l'Amérique fait erreur depuis 2001 en s'engageant militairement en Afghanistan. Lire la suite
Qu'il nous plaît ce rêve que le président américain ne cesse de célébrer ! Qu'elle est réconfortante cette idée que les vieilles recettes, qui ont fait son succès durant deux siècles, vont de nouveau pemettre à l'Amérique de rebondir ! Mais qu'il est régressif et infantilisant ce repli vers une pastorale sublimée, qui serait détachée des contingences de l'histoire ! Lire la suite
In memoriam – Un Juste en République : Robert Badinter (1928-2024) (T 1574)
- Jean-Philippe Immarigeon - 3 pagesL'avocat Jean-Philippe Immarigeon rend hommage dans les colonnes de la RDN à Robert Badinter, homme d'État, ministre de la Justice qui a marqué l'histoire nationale et celle du monde par ses multiples combats, notamment celui de l'abolition de la peine de mort. L'un des derniers combats de l'inspirateur de la Cour pénale internationale était notamment sa volonté de voir Vladimir Poutine jugé par une cour internationale de justice dans le cadre de la guerre qu'il mène à l'Ukraine, par la publication d'un réquisitoire à son encontre.
Tirailleurs : l’Histoire de France au défi du narratif américain (T 1459)
- Jean-Philippe Immarigeon - 9 pagesJean-Philippe Immarigeon analyse le film de Mathieu Vadepied, Tirailleurs, sorti le 4 janvier 2023 ainsi que les débats qui en résultent. Si le contexte de sortie du film n'est pas le même que celui d'Indigènes, l'auteur regrette que le récit soit passé à côté de thématiques non traitées dans le cinéma français. L'ombre de « l'américanisation » des combats sociétaux plane sur ce film, alors qu'historiquement, le traitement des soldats était largement différent d'une part et d'autre de l'Atlantique.
L’Amérique, homme malade de l’Otan (T 1319)
- Jean-Philippe Immarigeon - 6 pagesMême si l’administration Biden a bénéficié d’un accueil amical de la part des Européens brutalisés par la précédente administration Trump, les pratiques américaines n’ont pas beaucoup changé avec une approche privilégiant America first et un dédain poli vis-à-vis des Alliés. La récente crise franco-américaine provoquée par l’annonce de l’alliance AUKUS en est un exemple significatif, à peine quelques semaines après le retrait précipité et non concerté des forces américaines depuis Kaboul. De fait, cela signifie une moindre attention de la part de Washington envers l’axe euro-atlantique, la Maison-Blanche étant entièrement focalisée sur la nouvelle guerre froide avec la Chine.
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