Durant toute la guerre froide, la recherche d’informations sur l’aviation soviétique a été vitale en s’inscrivant dans un contexte d’espionnage et d’intoxication mutuelle entre l’Otan et le pacte de Varsovie. Depuis la chute du Mur et l’effondrement de l’URSS, l’accès est devenu plus aisé et permet d’avoir une meilleure connaissance de l’aéronautique russe.
Cet ouvrage – en anglais et illustré avec notamment des photos de cockpits riches d’enseignements – y contribue tout particulièrement par son exhaustivité. Le volume 1 traite de 5 catégories d’aéronefs. Le principe retenu est de considérer uniquement les engins en service dans les forces russes, excluant de fait des avions plus anciens, comme les MiG-21 et MiG-27 encore employés par des armées étrangères.
Ce travail exhaustif laisse dubitatif face à la profusion de modèles différents, eux-mêmes se répartissant en plusieurs versions. Ainsi, il y a une dizaine de familles d’avions de combat avec deux constructeurs majeurs Mikoyan et Sukhoï, le premier étant connu avec son MiG-29 notamment et le second avec des séries prolifiques d’appareils plus lourds – hormis le Su-25 d’attaque au sol – qui s’exportent bien en raison de leurs capacités et de leur rusticité. Il n’en demeure pas moins que l’une des caractéristiques propres à toutes ces séries est l’absence de polyvalence pour une grande partie de celles-ci. Les dernières générations des Sukhoï commencent à offrir une capacité multi-rôle, notamment le Su-35. En attendant le chasseur multi-rôle de 5e génération le Su-T-50 dont le prototype a effectué son premier vol le 29 janvier 2010. Visiblement la mise au point semble laborieuse malgré les 6 avions destinés aux essais. La question récurrente du moteur limite les performances. Il en est de même pour le radar. La mise en service des premiers appareils de série n’est pas attendue avant 2018, d’autant plus que le Su-35 remplit la mission avec efficacité, même si 5 appareils T-50 doivent être livrés dès cette année.
Il reste à savoir comment vont évoluer ces projets d’autant plus que la baisse du cours du pétrole handicape sérieusement la Russie et son réarmement qui reste une priorité nationale. Beaucoup des programmes présentés par les réseaux sociaux russes resteront limités à des dessins futuristes, faute de moyens.
Le deuxième chapitre de ce tome est consacré aux hélicoptères d’attaque et de transport avec là encore deux constructeurs, Kamov utilisant le principe des deux rotors contrarotatifs et Mil avec une conception plus classique utilisant un rotor de queue. Là encore, des projets nouveaux au design affiné existent mais il faudra encore quelques années pour passer de la maquette au réel.
Il en est de même pour les drones avec un foisonnement de programmes nouveaux séduisants, mais loin d’être une réalité opérationnelle. Le domaine des ballons n’est pas oublié avec là encore des engins variés.
Cette véritable encyclopédie permet de constater certes la vitalité des ingénieurs russes, mais il reste encore du chemin à parcourir notamment pour rationaliser un catalogue très abondant. Les dernières opérations de la Russie en Syrie vont certainement encourager certains clients potentiels. Cependant, les sanctions imposées à Moscou suite à l’invasion de la Crimée et la crise en Ukraine ont également comme conséquence la fin des échanges avec les équipementiers occidentaux qui avaient permis la modernisation des appareils russes durant la décennie 2000.
Les efforts russes sont conséquents mais encore insuffisants sur le plan technologique pour que leurs appareils rivalisent avec le Rafale, le F-35 et d’autres avions occidentaux. Les pertes en Syrie en sont une illustration récente. Il faut cependant rester vigilant car Moscou a la ferme volonté de rattraper le retard et de demeurer un pays exportateur d’avions de combat avec de nombreux succès récents, d’autant plus que les appareils proposés sont à des prix compétitifs.