Les opérations menées par la coalition contre Daech au Levant sont riches d’enseignements et de retour d’expérience, avec notamment l’usage systématique de drones de toutes tailles par tous les protagonistes. De véritables ruptures sont à souligner et doivent être désormais prises en compte pour affronter les conflits de demain.
La guerre contre Daech au Levant, paradigme des opérations extérieures
Fighting Daesh in the Levant: a Changing Pattern of External Operations
Feedback from coalition operations against Daesh in the Levant is full of lessons, particularly on the regular use of drones of all sizes by all the protagonists. Significant changes from past conflicts are clearly visible and need now to be taken into account when facing future conflicts.
Les opérations militaires de la Coalition internationale au Levant, commencées en 2014, pourraient s’achever d’ici la fin de l’année 2018 (1), et laisser la place à des actions de police, de contrôle des frontières, de contre-terrorisme et de reconstruction s’inscrivant dans la durée. Pour autant, des enseignements militaires peuvent d’ores et déjà en être tirés.
La guerre contre Daech au Levant révèle en effet des modes d’action, pour certains anciens qui avaient été oubliés, pour d’autres nouveaux, consubstantiels à la révolution numérique, et susceptibles de profondément modifier doctrines et formats d’armées. Lorsqu’un adversaire décide de s’installer dans un champ de confrontation conventionnel (par des modes d’action symétriques ou dissymétriques) (2) pour conquérir des espaces géographiques et établir ce qui pourrait s’apparenter à un État, la supériorité technologique des armées occidentales et leur détermination, en appui pour former, équiper et accompagner des forces locales motivées, emporteront inévitablement la victoire militaire. L’ennemi n’a plus d’autre choix, pour survivre, que de réinvestir des champs de confrontations alternatifs et adopter des modes d’action asymétriques (terrorisme, idéologie, influence…), pour lesquels la réponse ne saurait être exclusivement militaire.
L’effondrement militaire du pseudo-Califat est devenu inéluctable après la chute de ses deux capitales, Mossoul en Irak en juillet 2017 (3) et Raqqah en Syrie en octobre 2017 (4). Ces batailles, comme celles qui les ont précédées et qui ont suivi, ont consacré la prégnance du combat en milieu urbain, le rôle fondamental des forces locales dans les guerres expéditionnaires et l’importance de leur articulation avec une Coalition internationale. Elles témoignent également de la rupture, dans la trajectoire historique des conflits armés, provoquée par les drones et par l’accès à la permanence aérienne, et du défi de la supériorité aérienne faussement considérée comme acquise et de ce fait trop souvent négligée.
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