Otan - Le problème allemand et les relations Est-Ouest - En Méditerranée et au Moyen-Orient - Questions militaires
Le problème allemand et les relations Est-Ouest
La visite à Moscou le 9 septembre 1955 du chancelier Adenauer, accompagné d’une importante délégation allemande, s’est soldée après quatre jours de pourparlers par un accord sur la reprise des relations diplomatiques entre Bonn et Moscou, ratifié quelques jours après par les Parlements. En contrepartie, des assurances verbales ont été données au chancelier sur la libération prochaine de quelques milliers d’Allemands encore détenus en URSS.
La fermeté avec laquelle les négociations ont été menées du côté de Bonn, réaffirmant son droit de parler au nom du peuple allemand tout entier et son attachement aux accords de Paris et à l’Otan ont failli provoquer l’échec de la négociation. Aussi la réunification allemande n’a pas fait un pas. Au lendemain même de cette visite, en effet, le chef du gouvernement de la République démocratique allemande (RDA), M. Grotewohl, reçu officiellement à Moscou, signait avec M. Boulganine, Président du Conseil des ministres de l’URSS, un accord restituant à l’Allemagne de l’Est sa pleine souveraineté et le droit à ses propres forces armées, étant entendu que les troupes d’occupation soviétiques seraient maintenues sur le territoire de l’Allemagne de l’Est jusqu’à évacuation de la République fédérale allemande (RFA) par les forces occidentales.
Le Kremlin manifeste ainsi son intention de rester l’arbitre entre les deux Allemagnes, les mesures appliquées au gouvernement de Pankow étant exactement calquées sur les rapports qu’entretient la République de Bonn avec les puissances occidentales.
Aussi les perspectives de la conférence des ministres des Affaires étrangères des Quatre Grands qui doit se tenir à Genève à partir du 26 octobre 1955, restent-elles lourdes d’incertitude, malgré l’accord réalisé à New York entre les quatre sur les questions de procédure pour la Conférence.
Par ailleurs, les débats sur le désarmement à la Sous-commission de l’ONU, n’ont permis d’enregistrer aucun progrès. L’Union soviétique, arguant de l’accord qu’elle vient de réaliser avec la Finlande sur la restitution à ce pays de la base de Porkalla mène une offensive diplomatique pour l’évacuation générale des bases militaires en territoire étranger. Ses efforts pour démanteler l’Otan continuent : annonces de réduction d’effectifs, qui ne doivent pas faire illusion sur la puissance réelle du bloc militaire soviétique.
En Méditerranée et au Moyen-Orient
La situation s’est singulièrement compliquée et aggravée dans le bassin oriental de la Méditerranée. L’échec de la Conférence sur Chypre, où la Grèce a maintenu sa position avec intransigeance, a ouvert une crise grave des relations gréco-turques, qui menace le Pacte balkanique et l’Otan. Au lendemain des violentes émeutes anti-helléniques qui ont éclaté le 7 septembre 1955 à Istanbul et à Izmir, l’affaire a été évoquée dans une réunion spéciale du Conseil des représentants de l’Otan qui s’efforce d’apaiser le conflit.
Le gouvernement d’Athènes a fait savoir que les forces grecques s’abstiendraient de participer aux prochaines manœuvres de l’Otan. Devant l’agitation persistante dans l’île de Chypre, le gouvernement britannique a désigné le chef de l’État-major impérial, le Field Marshal Sir John Harding comme gouverneur de l’île où divers renforts ont été acheminés.
Les perspectives sont également sombres en Méditerranée occidentale où le règlement de la question marocaine tarde et où les nécessités du maintien de l’ordre en Algérie ont obligé le gouvernement français à de nouveaux envois de renforts.
Au Moyen-Orient, alors que la tension israélo-égyptienne dans la zone de Gaza n’a pas faibli, l’initiative égyptienne de négocier avec la Tchécoslovaquie un accord « commercial » pour la livraison d’armes risque de créer une situation explosive. Des efforts sont en cours de la part des gouvernements de Londres, Washington et Paris signataires de la déclaration commune de 1950 sur la stabilité du Moyen-Orient, pour détourner le gouvernement du Caire de ses projets.
Questions militaires
Les ministres de la Défense des quinze puissances de l’Otan tiendront à Paris, le 10 octobre 1955, une réunion préparatoire à la réunion ministérielle habituelle de fin d’année du Conseil de l’Atlantique : les précédentes réunions du Conseil avaient été en effet dominées par les problèmes politiques et s’étaient tenues avec la seule participation des ministres des Affaires étrangères.
Diverses manœuvres se sont déroulées au cours du mois de septembre : manœuvres en Allemagne de forces terrestres nationales, britanniques et françaises, pour expérimenter une nouvelle structure des divisions ; manœuvres aéronavales dans les eaux norvégiennes ; manœuvres en Méditerranée par des éléments relevant du QG de Malte.
Une manœuvre de cadres commune aux trois grands Commandements de l’Otan, l’exercice Life Line, a permis d’étudier les problèmes de protection et d’acheminement des convois maritimes en temps de crise.
Plusieurs mutations sont intervenues dans le haut personnel de la Roya Air Force (RAF) ayant des postes Otan :
– l’Air Marshal Sir Basil Embry, commandant des Forces aériennes alliées Centre Europe, sera remplacé à dater du 1er janvier par l’Air Marshal Sir Georges Mills ;
– le commandement de la 2e Force aérienne tactique alliée a été attribué à l’Air Marshal The Earl of Bandon, remplaçant l’Air Marshal Broadhurst ;
– le poste d’adjoint Air à l’Amiral Grantham à Malte sera pris par l’Air Vice Marshal Nicholetts. ♦