Le Chant du Pacifique
L’auteur a accompli un exploit unique. Après avoir construit de ses mains un radeau constitué de sept troncs de balsa assemblés, il accomplit seul, à la voile, la traversée du Pacifique, de Callao (Pérou) aux îles Samoa. Ainsi, en 115 jours de navigation solitaire, ayant subi les pires épreuves, il franchit 6 700 milles suivant un itinéraire rigoureusement déterminé à l’avance.
Aussi paradoxal que cela puisse apparaître, cette magnifique aventure maritime est surtout une aventure de l’esprit et c’est ce qui donne à ce récit un ton passionné particulièrement attachant. Ce n’est, affirme William Willis, ni pour faire parler de lui, ni pour démontrer une théorie, ni pour découvrir quoi que ce soit qu’il a entrepris ce voyage. Il désire simplement prouver, et surtout se prouver à lui-même, que la route de sa vie était bonne. Durant toute son existence, il a exercé les activités les plus rudes, les plus simples, les plus proches de la nature et il a ainsi acquis une sorte d’épanouissement de son être dans une joie pure. C’est une confirmation qu’il veut se donner à lui-même, à soixante-et-un ans, en s’imposant de peiner, démesurément, « à la sueur de son front », suivant la formule de l’Écriture qui, dit-il, est gravée dans son âme. Non seulement il a réussi dans son entreprise mais il se révéla en outre, par ce récit, un authentique écrivain et un poète. ♦