Secrets d’État
Le titre de l’ouvrage est prometteur, d’autant que le sous-titre indique les principaux sujets qui vont être traités : Dien Bien Phu, les paras, l’Algérie, l’affaire Ben Bella, Suez, la Cagoule, le 13 mai, de Gaulle au pouvoir. C’est-à-dire toute l’histoire de ces dernières années, du crépuscule de la IVe République à l’aube de la Ve.
Sur de nombreux points, l’auteur reprend des faits ou confirme des hypothèses généralement connues ; sur d’autres, au contraire, il apporte une lumière nouvelle, avec un entrain et une précision qui laisseraient penser qu’il a été le témoin des scènes dont la vivante description emplit cet épais volume. On peut certainement et longuement discuter des explications fournies par Jean-Raymond Tournoux, car il s’agit de déductions appuyées sur des faits dont l’auteur assure qu’ils sont exacts et lui ont été directement rapportés par des personnages dont le témoignage ne saurait être mis en doute. Et de l’ordre dans lequel les faits sont présentés dépend évidemment la conclusion que l’on peut en tirer.
Loin de nous l’idée d’insinuer que cette conclusion est tendancieuse. En pleine actualité, au centre et au cœur des événements, il est bien difficile d’en définir la direction générale et d’en percer les causes et les mobiles.
Le lecteur qui aura entamé les premières pages de ce livre, constitué d’une suite de scènes plutôt que de chapitres, le continuera certainement jusqu’au bout. Selon son humeur, il s’emportera, s’attristera, sourira ou rira franchement. Mais lorsqu’il aura le temps de réfléchir, après cette course dans le temps présent, il ressentira sans doute une certaine amertume. Nul ne peut dire aujourd’hui si les « secrets » que nous révèle l’auteur seront plus tard « historiques » ; la peinture qui nous en est faite n’inspire pas, pour le moment, des idées de grandeur. ♦