La période des commencements de l’Otan est marquée par les questions d’organisation, la prise en compte des arsenaux atomiques qui sollicitent le couplage euro-américain et butent sur la supranationalité et la dévolution. En analysant la production de la RDN du Traité de Washington à la sortie de la France de la structure intégrée, l’auteur fait une analyse fine et pertinente de débats d’alors qui n’ont pas vraiment cessé aujourd’hui.
1949-1966
NATO as seen by RDN from 1949 to 1966
The early days of NATO were marked by questions of how to organise and account for the nuclear arsenals that led to the Euro-American link, which in turn ran up against further questions of supra-nationality and devolution. Through thorough research into back issues of RDN, from the Washington Treaty to France’s exit from the integrated military structure, the author provides a fine and pertinent analysis of the debates of the time which, to a large extent continue today.
En février 1948, par la fameuse tactique du salami (1), le parti communiste tchécoslovaque prend le pouvoir dans son pays grâce au soutien de l’Union soviétique : c’est le « Coup de Prague ». Pour les nations d’Europe de l’Ouest, Staline vient de franchir une ligne rouge qui les oblige à réagir. Un mois plus tard, la réponse se formalise par la signature du Traité de Bruxelles (2) qui annonce la future Alliance atlantique. Celle-ci naîtra après que les États-Unis acceptent, en modifiant leur Constitution, d’appartenir en temps de paix à une alliance militaire. Le 4 avril 1949, un accord est signé à Washington, fondant le Traité de l’Atlantique Nord dont l’article 5 sur la solidarité entre ses membres en cas d’agression est le point nodal. Soudés par leur volonté de juguler la menace soviétique en Europe, douze pays dits « du monde libre » en sont cosignataires. L’Alliance atlantique verra bientôt se développer l’Otan, son organisation fondée sur une structure militaire intégrée. Cette organisation va façonner les années de la guerre froide. La France qui l’a voulue et suscitée prend part aux enthousiasmes des débuts, mais l’idylle est bientôt freinée par la problématique de la souveraineté conjuguée à l’émergence de l’arme atomique. En 1966, sur décision du général de Gaulle, la France quitte la structure intégrée de l’Otan.
De 1949 à 1966, c’est donc la montée en puissance d’une organisation inédite et ses premières profondes remises en question que découvre le lecteur de la Revue Défense Nationale, la RDN.
Fondée à la veille de la guerre en 1939, mise en sommeil pendant l’occupation allemande, la RDN était relancée en juillet 1945 avec une première série préfacée par le maréchal Juin qui sera président de son comité consultatif jusqu’à sa mort en 1967. Lui-même sera Commandant interallié des forces terrestres atlantiques du secteur Centre-Europe de 1951 à 1956. Il quittera alors ses fonctions du fait de sa position sur la Communauté européenne de défense.
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