C’est au regard extérieur de jeunes chercheurs étrangers que l’on doit cette analyse des rouages de l’exceptionnalisme français que démontre l’opération militaire qu’elle a conduite dans l’Otan en Libye. Les repères qu’ils fournissent contribuent à faire comprendre comment, dans l’Alliance, la France n’est toujours pas tout à fait un allié comme les autres.
Après la Libye, y a-t-il encore une exception française dans l’Alliance ?
After Libya, does ‘the French exception’ still apply within NATO?
A group of young researchers from overseas provides us with their analysis of France plays the ‘exception’ game, using, as a demonstration, the military operation conducted in the framework of NATO in Libya. The points they make help to increase understanding of how, within the Alliance, France is not always quite like the other allies.
En 2011, la France a ouvertement pris la direction stratégique des opérations militaires en Libye. Si le résultat final a été porté par une coopération internationale (avec un mandat des Nations unies et sous la tutelle de l’Otan), sans la volonté française il n’y aurait pas eu d’intervention en Libye.
Ce sursaut d’ambition régionale s’inscrit dans une vision du pouvoir international propre à la France. Suite à la défaite de juin 1940 et au nouvel ordre de 1945, la République a en effet développé une pensée stratégique dépassant tout clivage politique interne : pour pouvoir se défendre, la France souhaite et se doit de maintenir un certain degré de liberté d’action, ce qui nécessite d’avoir ses propres capacités politico-militaires.
En prenant en compte l’issue de l’intervention libyenne et le repositionnement général du système industriel et militaire français, il est intéressant de s’interroger sur les idées suivantes. En 2012, est-il toujours d’actualité de parler d’une « certaine idée de la France », pour reprendre les mots du général de Gaulle dans ses Mémoires de guerre ? L’indépendance, la puissance et la sécurité de la France sont-elles des variables encore attachées à un concept d’exception française au niveau de la communauté internationale, de l’Otan et de l’Union européenne ? Plus que le retour à l’Otan de 2009, c’est l’intervention en Libye de 2011 qui doit être considérée comme un moment clé qui permet d’apprécier pleinement l’idée d’exception française au XXIe siècle. En effet, c’est à partir de cette opération que la question suivante peut être posée : la France possède-t-elle encore aujourd’hui la volonté politique et les capacités militaires pour mettre en œuvre une politique d’exception ?
Il reste 92 % de l'article à lire