L’armée dans la nation
Le général Ély a regroupé et refondu dans ce petit livre les différents articles qu’il a publiés au cours de ces dix dernières années, et dont la plupart ont paru dans cette Revue. Il est donc inutile de présenter ce livre en détail à nos lecteurs, qui connaissent la pensée de l’ancien Chef d’état-major de la défense nationale. Ils trouveront en effet dans ces pages un condensé, ramené à ce que l’auteur a jugé devoir être permanent, de tous les développements dont ils ont pu apprécier et la hauteur de vues, et la simplicité de la présentation.
L’ouvrage se divise, après une courte introduction, en trois parties. La première rappelle les leçons des opérations de 1940 : dans un pays sincèrement pacifique, la guerre risque toujours de surprendre ; pour éviter cette surprise, il est indispensable que les responsables militaires – et ceux qui se préparent à être un jour investis de ces responsabilités – élèvent leur esprit par la méditation, étudient l’histoire, trempent leur caractère. « Mieux vaut, à l’époque du char, un chef ou un soldat entraîné à combattre avec une arme vieillotte ou d’un autre siècle, mais qui possède des qualités psychiques élevées, qu’un technicien du char dont les qualités sont limitées à une connaissance de la technique ou même de la tactique de son arme ». Mais en plus des qualités requises des individus, il importe « de placer résolument notre doctrine tactique et stratégique comme toutes nos institutions militaires sous le signe de la décentralisation avec tout ce que comporte ce mot pris dans son sens le plus large ».
Dans la deuxième partie, le général Ély se penche sur les problèmes de défense, en traitant de la politique militaire, à partir des menaces telles qu’elles se présentent dans les années à venir : « il importe d’élargir les possibilités de nos forces armées sur le plan mondial à la mesure de l’élargissement de la menace qui pèse sur nous », donc de disposer de « deux grands ensembles », le premier, « fer de lance constitué de forces terrestres, aériennes et maritimes aussi aptes aux actions offensives que défensives et immédiatement disponibles sans le moindre recours à la mobilisation », le second, « réseau de forces très décentralisées, réparties sur tout le territoire », l’action de ces deux ensembles devant être étroitement combinée, et la condition de leur efficacité étant avant tout un facteur moral.
Dans la troisième partie, l’auteur étudie le difficile problème de la formation du chef, s’élevant contre la technocratie, soulignant l’importance de la santé physique et de la « plénitude des qualités psychiques », de la possibilité d’accéder rapidement, dans une carrière bien menée, à des postes de responsabilité, car la vocation du chef, c’est de prendre des responsabilités.
En annexe, figurent des extraits de quelques articles écrits par le général Ély, en 1954 sur l’Indochine, en 1959 sur les problèmes français et l’équilibre mondial, en 1958 sur l’armée dans la nation.
On voit, par ce rapide exposé, à quel point ces pages peu nombreuses sont denses et utiles pour ceux qui travaillent à la rénovation de notre système militaire. ♦