Une nouvelle forme de mythe nassérien : le « socialisme arabe » du Caire
Une année s’est écoulée depuis que la Syrie, le 28 septembre 1961, s’est séparée de la République Arabe Unie. Il semble désormais possible de tirer le bilan d’un événement, dont assurément les conséquences ont été considérables, mais qui n’a cependant pas provoqué, à court terme, les bouleversements fondamentaux que d’aucuns attendaient. La République Arabe Unie se survit, bien qu’amputée : ce qui confirme bien que l’essentiel de ses structures ne résidait ni dans une Constitution, ni dans un territoire, mais dans le « mythe » construit par Gamal Abdel Nasser autour de sa propre personne, et restauré par lui, après chaque épreuve, avec une extraordinaire habileté (1). Son histoire durant cette année a été celle de la naissance et du développement d’une nouvelle version de ce mythe, celle du « socialisme arabe » et de « l’arabisme populaire », exprimée par la « Charte Nationale ».
Quant à la Syrie ainsi restaurée, elle s’est, lentement et non sans sérieuses secousses, acheminée vers sa reconstruction. Une première phase de prudente élaboration s’est terminée, au bout d’exactement six mois, par une crise très grave (2). La seconde phase, qui risquait d’être houleuse, a conduit assez régulièrement à la décision d’une nouvelle consultation électorale ; en sorte que les optimistes peuvent dire que rien de grave ne s’est passé, et les pessimistes que rien n’a été fait… En tout cas, Damas et le Caire se sont affrontés, de façon aussi violente qu’indécise, au sein même de la Ligue Arabe, confirmant ainsi leur rupture avec éclat.
Deux questions se posent dès lors. En premier lieu, quelles sont les perspectives pour Gamal Abdel Nasser, et que peut-il attendre des nouvelles armes forgées par son talent politique et polémique ? D’autre part, quelles sont les chances d’équilibre et de raffermissement de la Syrie ? L’avenir immédiat du Proche-Orient dépend en effet, dans une bonne mesure, de ces deux foyers de l’arabisme, Damas et le Caire, et des résultats contrastés qu’obtiendra leur rayonnement régional.
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