Dix ans de politique américaine au Vietnam
Les États-Unis, bordés par l’Atlantique et le Pacifique, ne pouvaient, après avoir surmonté la crise de « l’isolationnisme », se désintéresser des événements politiques qui se passaient de l’autre côté des deux grands océans. Ils regardèrent d’abord vers l’Europe, mais ne tardèrent pas à porter également leur attention sur les pays qui leur faisaient face, le long du Pacifique. Dès la deuxième moitié du siècle dernier, ils pénétraient au Japon, prenaient pied à Manille, et ne devaient cesser depuis lors de s’introduire de plus en plus profondément en Asie. L’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941 et la guerre qu’ils durent mener contre les Japonais fortifièrent les Américains dans leur conviction que la sécurité de leur pays devait être assurée, à l’Ouest, par une ceinture de postes avancés atteignant même le continent chinois.
C’est cette conviction qui allait les amener, après avoir renforcé leurs positions aux Philippines, à contrôler étroitement le Japon, puis, le danger, plus tard venant de la Chine, à aider Tchiang Khai Chek contre Mao Tsé Toung, et à tenter d’endiguer l’expansion du communisme dans le Sud-Est asiatique en apportant une assistance croissante aux régimes que cette expansion menaçait.
Dans cette région, l’Indochine était depuis de longues années placée sous l’autorité et la protection de la France. L’effondrement de notre pays en 1940, et l’impossibilité où nous étions de nous opposer ensuite à l’entrée des Japonais au Tonkin puis dans toute la péninsule indochinoise conduisirent rapidement les Américains à considérer que la France n’avait plus aucun rôle à jouer dans cette partie du monde et qu’elle en était de toute façon incapable. Ils ne pouvaient également se défendre de condamner, au nom de principes moraux qui les empêchent parfois d’avoir une vue objective des choses, la politique de colonisation que nous y avions poursuivie.
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