Les relations soviéto-yougoslaves et le rôle international de la Yougoslavie
C’est la condamnation dont la Yougoslavie fit l’objet de la part du Kominform en 1948 qui marqua son entrée sur la grande scène internationale.
Pendant trois années, elle avait vécu au sein du monde soviétique. Le dynamisme de Tito, ses positions d’avant-garde face à l’Occident — dans l’affaire grecque et dans celle de Trieste par exemple —, le dévouement du Parti communiste yougoslave à l’U.R.S.S., expliquaient sans doute le choix qui fut fait de Belgrade, en 1947, comme siège du Kominform. Pourtant, moins d’un an après, ce même organisme condamnait les dirigeants yougoslaves, invitait à l’insurrection « les forces saines du parti yougoslave a pour éliminer a les éléments nationalistes ». Staline, en effet, avait rencontré en Tito, en même temps qu’un engagement ardent pour la cause du socialisme, un souci aussi aigu des responsabilités que le parti yougoslave devait assumer en Yougoslavie. Aussi, lorsque s’accentua la mainmise de Moscou sur l’Europe orientale et que Tito décela une ingérence croissante dans les affaires yougoslaves, il refusa d’accepter la subordination à l’U.R.S.S., qu’il s’agisse du parti, de l’armée, de l’économie ou de la politique extérieure. Toutefois, l’amitié avec l’U.R.S.S. lui paraissant nécessaire, il chercha l’apaisement, s’efforça d’éviter la rupture. Celle-ci vint de Moscou par la voie du Kominform.
Ainsi, brusquement, la Yougoslavie dut se trouver un nouvel équilibre. Il s’agissait pour les dirigeants de Belgrade d’assurer au pays, menacé d’asphyxie économique et soumis à de sérieuses pressions aux frontières, le moyen de survivre, ensuite de se renforcer. Il s’agissait aussi pour Tito et son équipe, fidèles à leur idéologie communiste, d’élaborer une doctrine qui justifie leur attitude dans la querelle avec Moscou et sur laquelle s’établisse l’action du régime, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Il reste 95 % de l'article à lire
Plan de l'article