Aden et la politique arabe de la Grande-Bretagne
Durant plus d’un siècle, le destin de la cité d’Aden, et celui des protectorats qui lui étaient rattachés, se sont déroulés, sous le régime colonial britannique, sans difficultés notables. En revanche, la décolonisation d’Aden et de l’Arabie du Sud constitue désormais, pour Londres, un problème des plus compliqués. Il ne s’agit point en effet ici d’un de ces transferts de souveraineté, devenus classiques, aisément réglés ailleurs par l’adresse et l’expérience des hommes d’État et des administrateurs britanniques. Les conditions politiques et économiques du monde arabe contemporain suscitent des obstacles particuliers, et font apparaître aussi des moyens et des ressources qu’il peut être tentant d’utiliser. Mais Londres aujourd’hui doit davantage compter : avec le temps, avec les hommes, avec l’argent. Une nouvelle version de la « politique arabe » de la grande époque peut sans doute être conçue ; sera-t-il possible, cependant, de la réaliser ?
Au cours de l’histoire, la valeur d’Aden change de sens et gagne en importance
Pour la chronique coloniale britannique, Aden apparaît d’abord dans la mouvance de l’Empire des Indes, dont cette ancienne escale portugaise devient, en 1839, un avant-poste occidental. L’occupation de ce rocher se révèle avoir été une excellente précaution lorsque, trente ans plus tard, s’ouvre la route maritime du canal de Suez. À l’entrée de la mer Rouge, Aden est, à la fois, une bonne vigie et un port de relâche, d’avitaillement et de charbonnage. Garnison et commerce assurent sa prospérité croissante.
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