Politique et diplomatie - Relance diplomatique sur le Moyen-Orient
Le 17 janvier 1969 le Ministère des Affaires Étrangères a officiellement annoncé que la France avait proposé à l’Union Soviétique, aux États-Unis et à la Grande-Bretagne de procéder à des consultations en vue de faciliter un règlement de la crise du Moyen-Orient. Le Gouvernement français estimait en effet aux termes du communiqué publié par le Quai d’Orsay que la crise du Moyen-Orient, revenue à l’état aigu (1) depuis la guerre de juin 1967, loin de s’apaiser avec le temps s’aggravait au contraire d’une manière inquiétante. De cette aggravation en effet chacun me paraît être conscient, quelles que soient par ailleurs les divergences d’opinion sur les procédures propres à y pallier et sur les solutions qui pourraient assurer la paix dans cette région du monde.
La France proposait donc que des négociations et des discussions s’ouvrent entre les Quatre dans le cadre du Conseil de Sécurité (où ils occupent un siège permanent) « en vue de rechercher, en liaison avec le Secrétaire général des Nations Unies, les moyens par lesquels leurs gouvernements pourraient contribuer à l’instauration d’une paix juste et durable au Moyen-Orient, notamment en définissant les conditions d’application de la résolution du 22 novembre 1967… ». Mis à part l’intérêt que cette proposition peut avoir en aidant les puissances (celles qui sont directement en cause dans le conflit israélo-arabe et celles qui ont un intérêt direct au rétablissement de la paix dans cette région) à sortir de l’impasse actuelle, la procédure suggérée par la France mérite d’être signalée à d’autres égards. C’est, à ma connaissance, la première fois que la France met en application, sur un problème particulier, la doctrine formulée à plusieurs reprises mais toujours d’une manière générale, que les membres permanents du Conseil de Sécurité continuent d’avoir une responsabilité particulière en ce qui concerne le maintien et le rétablissement de la paix. En se référant au Conseil de Sécurité, en spécifiant que c’est au titre de membres permanents de ce Conseil que les Quatre participeront à des consultations, en indiquant que ces consultations s’effectueront en liaison avec le Secrétaire général des Nations Unies, en se référant enfin à la résolution du 22 novembre 1967 le Gouvernement français entendait bien marquer qu’il situait en l’occurrence sa proposition et l’action des Quatre Grands dans le cadre des Nations Unies, en conformité avec une constante interprétation des compétences de cette organisation.
La proposition française recueillit presque aussitôt l’accord de l’Union Soviétique, puis celui de la Grande-Bretagne, enfin, compte tenu du temps de réflexion imposé par le changement d’Administration, celui des États-Unis.
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