Nos lecteurs n’auraient certainement pas compris que nous passions sous silence le 20e anniversaire du Traité de Washington. Il se trouve également que notre fidèle collaborateur et ami Claude Delmas est le journaliste qui est le plus au fait de ce sujet puisqu’il a appartenu pendant dix ans à la Division politique du Secrétariat international de l’Otan. Il va de soi cependant que les opinions qu’il émet ici n’engagent que lui.
Pour le vingtième anniversaire du Traité de Washington
Le 4 avril 1949, les ministres des Affaires étrangères de douze pays occidentaux signaient à Washington le Traité de l’Atlantique-Nord, dans le cadre duquel fut par la suite bâtie l’O.TA.N. — « Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord » — qui, après avoir été le symbole et l’instrument de la volonté commune de défense des États-Unis, du Canada et de l’Europe occidentale, est devenue l’objet de grandes controverses. Par la réponse qu’il a donnée à quelques-uns des problèmes qui se posaient il y a vingt ans, ce Traité s’inscrit dans l’histoire du monde issu de la seconde guerre mondiale. Les controverses dont ses concrétisations institutionnelles, politiques et militaires sont l’objet s’inscrivent dans une phase différente de cette histoire. Toute réflexion sur la signification du vingtième anniversaire de ce Traité de Washington doit donc tenir compte, d’une part des exigences auxquelles il a répondu, d’autre part de la situation à laquelle l’organisation issue de lui entend aujourd’hui répondre. Ni les anathèmes, ni les approbations inconditionnelles ne pouvant tenir lieu d’explication, il est nécessaire de considérer les faits eux-mêmes, pour essayer d’en dégager la logique et de récréer le « climat » général qu’ils illustraient.
Pourquoi, au printemps 1949, le Traité de Washington fut-il considéré comme l’expression nécessaire de la politique des pays occidentaux ?
Dès le 26 août 1941, dans le document connu sous le nom de « Charte de l’Atlantique », MM. Churchill et Roosevelt avaient prévu l’institution d’« un système de sécurité générale établi sur des bases plus larges » : on ne pouvait en effet envisager une simple résurrection de la Société des Nations, d’abord parce qu’elle aurait eu, psychologiquement, des effets désastreux, ensuite parce que l’U.R.S.S. (qui en avait été exclue à la suite de son agression contre la Finlande) s’y opposait formellement. Le 1er janvier 1942, les pays en guerre contre l’Allemagne et le Japon signèrent la « Déclaration des Nations-Unies », qui annonçait la mise sur pied d’un « système de paix et de sécurité » après la guerre. Après bien des discussions, après avoir dû surmonter de nombreuses difficultés, la conférence de San Francisco (25 avril - 25 juin 1945) créa l’« Organisation des Nations-Unies », qui entendait assurer la paix par l’établissement d’un système de sécurité collective à l’échelle mondiale.
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