Défense dans le monde - États-Unis : la doctrine de défense du président Nixon et le vote du budget de défense 1970-1971 - Pays du Pacte de Varsovie : les activités militaires - URSS : artillerie et lance-missiles - République populaire de Chine : armements stratégiques - Inde : le Gouvernement et les problèmes de défense - Afghanistan : coopération militaire avec l'URSS - Japon : vers le réarmement - Asie insulaire et péninsulaire : le système de défense à 5
États-Unis : la doctrine de défense du président Nixon
et le vote du budget de défense 1970-1971
Dans un rapport adressé au Congrès le 18 février 1970, le président Nixon a défini la politique extérieure et de défense des États-Unis pour la décennie (US Foreign Policy for the 1970’s: A New Strategy for Peace).
M. Nixon a exposé dans ce document les deux grands thèmes de sa doctrine : substitution de la « négociation » à la « confrontation » dans les rapports avec le monde communiste et substitution de la « coopération » à l’« intervention » dans les relations avec les pays amis.
En matière de défense, ces deux thèmes devraient respectivement se traduire de la manière suivante :
– poursuite avec les Soviétiques des conversations SALT visant à limiter le déploiement des armes stratégiques en vue d’éviter une dangereuse escalade et de réaliser des économies ; recherche d’autres contacts bilatéraux avec Moscou pour trouver des solutions acceptables au Moyen-Orient et au Vietnam ;
– ouverture d’une nouvelle ère de coopération avec les Nations amies, les États-Unis continuant à participer à la défense commune mais les Alliés acceptant d’assumer davantage les charges de leur défense. Dans la pratique, cette option devrait se concrétiser pour le Vietnam par la « vietnamisation » définie à Midway en juin 1969, pour l’Asie dans son ensemble par l’« asianisation » définie à Guam en juillet 1969, pour l’Europe par une participation accrue des pays de l’Otan. En réduisant la présence américaine à l’étranger, elle devrait permettre du même coup de diminuer les effectifs des forces armées en les ajustant à la nouvelle stratégie américaine « d’une guerre et demie » qui entend que les États-Unis ne se prépareront plus désormais qu’à mener simultanément dans le monde un conflit majeur et un conflit mineur, alors qu’ils prétendaient auparavant faire face à deux conflits majeurs et un mineur (stratégie de « deux guerres et demie »).
La doctrine Nixon aura, en définitive, permis une diminution importante des dépenses de défense. En effet, pour l’exercice 1er juillet 1970-30 juin 1971, M. Nixon n’a demandé que 73,6 milliards de dollars contre 81,9 pour l’exercice précédent, le Congrès ne lui en ayant d’ailleurs accordé que 77. Toutefois, tout en réduisant la présence américaine et du même coup les effectifs des forces armées, l’Administration a entendu réserver aux États-Unis leur place de première puissance mondiale, se gardant de toute concession dangereuse, en particulier dans les domaines des armes stratégiques et de l’équipement des forces.
En un temps où le dollar connaît des difficultés et où, dans l’opinion américaine, les grands problèmes à caractère social prennent le pas sur les problèmes de défense, il était prévisible que l’effort du Président assouplirait l’attitude d’un Congrès porté à l’opposition.
Les Chambres, et en particulier le Sénat, ont en effet accepté plus facilement que les deux années passées les demandes de crédits de défense formulées par le Président (1). Le Congrès a effectivement accordé 71,6 milliards de dollars sur les 73,6 demandés, dont 66,6 pour les dépenses strictement militaires. En outre, le collectif destiné à accroître l’aide militaire à Israël, au Cambodge, à la Corée du Sud, à la Grèce, la Turquie et la Jordanie a été également accepté par les deux Chambres et porté à 1,8 Md$. Ainsi la loi de finances est-elle passée, comme de coutume, avant la fin de l’année.
Le Congrès a donc accordé la presque totalité des sommes demandées par M. Nixon, en particulier dans les domaines concernant l’amélioration des armements stratégiques et des matériels des trois armées, aussi bien au niveau des fabrications (« procurement ») qu’à celui de la recherche et développement (R&D).
En matière de fabrications et de recherche, le Congrès n’a apporté au projet présidentiel que 15 modifications (pour 73 articles principaux) portant, pour la plupart, sur des réductions mineures affectant des programmes non prioritaires. Il convient même de remarquer qu’il a accordé pour les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) 664 millions $, alors que M. Nixon n’en avait demandé que 498. Les programmes stratégiques prioritaires : Safeguard, Poseidon, Minuteman III, ULMS (Undersea Long Range Missile System), Rockwell B-1 Lancer, AWACS (Airbone Warning and Control System), n’ont guère eu à souffrir de leur passage devant le Parlement, de même que les programmes d’avions, de bateaux et de matériels pour les trois armées.
En ce qui concerne l’aide militaire à l’étranger, autre domaine prioritaire pour M. Nixon, les parlementaires ont, en définitive, accepté l’effort demandé par le Président.
En conclusion, on peut retenir que le choix d’une doctrine de défense « plus économique » a été une manœuvre habile, mais que l’Administration Nixon a maintenant atteint la limite des concessions. Le secrétaire à la Défense, M. Laird a, semble-t-il, estimé qu’il était urgent de préparer le Congrès et l’opinion à une augmentation des dépenses militaires pour le prochain exercice.
Dans un récent discours, M. Laird a en effet parlé de la nécessité d’accroître le budget de défense pour 1971-1972 de quelque 1 à 2 Md$. Il convient, selon lui, de réaliser le plus rapidement possible la modernisation trop longtemps retardée des armements, le passage à l’Armée de métier (2), l’accroissement de l’aide militaire aux pays alliés.
Le discours de M. Laird visait vraisemblablement trois objectifs :
– rappeler aux Soviétiques que, si aucun accord n’était conclu au cours des SALT en 1971, les États-Unis se verraient contraints de procéder au déploiement d’armements stratégiques nouveaux tels que l’ULMS et le B-1, tout en renforçant le réseau ABM (antimissiles balistiques) Safeguard ;
– convaincre l’opinion américaine qu’elle devrait se donner les moyens de faire face à une menace soviétique sans cesse croissante et bientôt face à une menace chinoise ;
– convaincre les partenaires européens de l’Otan de la volonté américaine de continuer à défendre l’Europe qui demeure un théâtre prioritaire. À ce propos, M. Laird a même ajouté – et M. Nixon l’a confirmé dans son récent message à l’Otan – que les forces américaines sur le Vieux Continent ne seraient pas réduites avant le 1er juillet 1972.
Le budget de défense proposé pour le prochain exercice (1er juillet 1971-30 juin 1972), qui sera connu en janvier 1971, donnera une première indication sur les choix effectués par le gouvernement Nixon. Mais il faudra sans doute attendre le budget suivant pour voir apparaître les grandes décisions qui, en fonction des résultats des SALT en 1971, devront être arrêtées dans le courant de 1972, si les États-Unis ne veulent pas prendre le risque de se laisser dépasser par l’URSS.
Pays du Pacte de Varsovie : les activités militaires
Limitées sur le terrain, les activités militaires des Pays du Pacte de Varsovie continuent de se manifester au niveau de la direction des forces, tandis que dans le domaine naval la zone des Caraïbes retient de nouveau l’attention.
À la session du conseil militaire du Pacte de Varsovie, qui s’est tenue à Varna (NDLR 2021 : Bulgarie) à la fin du mois d’octobre, on fait suite, au niveau national, des réunions des responsables militaires en Allemagne de l’Est (à Leipzig le 17 novembre) et en Tchécoslovaquie (à Prague du 9 au 12 novembre). Ces réunions étaient destinées à établir le bilan de l’année 1970 et à fixer les objectifs pour l’année 1971 ; il est probable qu’à cette occasion il a été tenu le plus grand compte des résolutions prises à Varna, en particulier pour ce qui concerne l’instruction et la mise en condition des forces.
Une importante conférence s’est tenue d’autre part à Prague, du 17 au 20 novembre, sous la présidence du maréchal Yakoubovski. Réunissant les responsables de la logistique des armées de tous les pays du Pacte, cette conférence, « scientifico-militaire » aurait eu pour objet d’étudier la mise en place d’un système commun de traitement des données logistiques par l’informatique.
Les forces armées du Pacte sont déjà étroitement dépendantes de l’URSS pour la fourniture d’une grande part de leurs matériels de combat et de la totalité de leurs carburants. La normalisation des procédures de ravitaillement et l’intégration des circuits logistiques qu’impliquerait la mise en œuvre d’un système de traitement des problèmes logistiques par l’informatique, accroîtraient dans ce domaine la dépendance des membres du pacte.
Depuis la fin des manœuvres communes Fraternité d’Armes en République démocratique allemande (RDA), les activités militaires des armées du Pacte de Varsovie, sur le terrain, sont restées à un niveau normal ou même réduit pour cette période de l’année ; toutefois, dans le Groupe des forces soviétiques en Allemagne (GFSA), un important exercice de PC à l’échelon des grandes unités s’est déroulé à la fin du mois de novembre. Dans tous les groupes de forces stationnées à l’extérieur de l’URSS, les mouvements de relève du contingent peuvent être maintenant considérés comme terminés et le cycle d’instruction se déroule selon les modalités habituelles.
Faisant suite à l’arrivée depuis le 20 novembre d’un bâtiment-base de sous-marins, une petite force navale soviétique comprenant un bâtiment lance-missiles, un ou deux sous-marins et un pétrolier, ont fait en décembre un séjour de deux semaines à Cuba. À cette occasion, on a noté la publicité faite à la venue des bâtiments soviétiques annoncée par un communiqué de l’Agence soviétique TASS et confirmée officiellement par les autorités cubaines.
URSS : artillerie et missiles
Comme chaque année la fête traditionnelle de l’artillerie et des missiles a été célébrée en URSS le 19 novembre. Cette journée marque le souvenir du rôle considérable joué par l’artillerie au cours de l’offensive lancée par l’Armée rouge le 19 novembre 1942 sur Stalingrad. À l’occasion de cette manifestation, le maréchal Krylov, commandant en chef des troupes de missiles d’emploi stratégique, a déclaré dans une interview que les fusées constituent l’élément fondamental des forces de défense du territoire soviétique et qu’elles protègent de façon sûre le travail pacifique du peuple soviétique.
Dans le cadre de la campagne de tir annoncée par l’Agence TASS pour la période du 28 octobre au 30 novembre, l’Union soviétique a expérimenté les 25 et 29 novembre 1970 une fusée balistique intercontinentale du type SS-13 perfectionnée. Lors du premier tir, le projectile était retombé dans la région centrale du Pacifique après une trajectoire de 7 500 km.
République populaire de Chine : armements stratégiques
De récentes déclarations de source autorisée américaine permettent de considérer la dissuasion nucléaire chinoise sous un jour sinon nouveau, du moins quelque peu différent.
Les services compétents de Washington pensent en effet que, des trois systèmes d’armes MRBM, IRBM et ICBM (NDLR 2021 : respectivement missiles balistiques à portée moyenne, intermédiaire et longue), la Chine pourrait avoir opté en faveur du deuxième, en raison de l’importance accordée à la menace soviétique. De fait, un IRBM dont la portée est comprise entre 2 400 et 4 000 km peut atteindre un grand nombre d’objectifs démographiques et industriels en Russie d’Europe jusqu’au méridien de Leningrad. Les Américains pensent donc que la Chine travaille actuellement à se donner une capacité de dissuasion fondée sur la possibilité d’effectuer une deuxième frappe au moyen d’IRBM. Leurs arguments essentiels à l’appui de cette thèse sont les suivants :
– l’important déploiement de MRBM que laissaient préfigurer les nombreux tirs d’essai effectués depuis 1967 ne s’est pas produit. Quelques MRBM seulement sont opérationnels ;
– le premier étage du lanceur du satellite chinois était un IRBM ayant une portée minimale de 2 400 km. D’autres IRBM auraient été essayés, sur portée réduite, en même temps que les MRBM ;
– un site expérimental de lancement a été localisé en Mandchourie ; il autorise en direction de Sinkiang des tirs d’une portée comprise entre 3 000 et 3 500 km. L’activité régnant sur ce site laisse supposer qu’un tir de ce genre aura lieu prochainement.
On pense enfin à Washington que si l’hypothèse faite quant au choix de l’IRBM se vérifie, il faudra environ 5 ans avant que la Chine puisse disposer d’une force de 80 à 100 engins opérationnels. Pour les ICBM, les Américains continuent à penser qu’il faudra au moins 3 ans et plus vraisemblablement 5 à 6 ans après le premier tir pour passer au déploiement opérationnel de 10 à 25 engins.
Inde : le gouvernement et les problèmes de défense
Faisant un nouveau pas vers le lancement d’un programme atomique militaire, Mme Gandhi a déclaré le 26 novembre 1970 au Sénat que l’Inde allait « développer sa politique nucléaire dans le domaine des explosions souterraines pacifiques ». M. Sethi, secrétaire d’État aux armements, avait auparavant annoncé que son pays se préparait à produire des « missiles et autres armements stratégiques ».
L’Inde va acheter 10 English Electric Canberra à la Nouvelle-Zélande pour recompléter ses trois escadrons de bombardement et 34 chars poseurs de ponts à la Tchécoslovaquie.
L’éventuel accord anglo-américain pour la construction d’une base commune sur l’île de Diego Garcia (archipel des Chagos), à quelque 1 600 km de l’Inde, a soulevé une certaine émotion à Delhi. Le ministre des Affaires étrangères, M. Swaran Singh, a réaffirmé au Parlement que le gouvernement était opposé à la présence des grandes puissances dans l’océan Indien (3). À une objection de l’opposition de droite, il a répondu que la flotte soviétique ne disposait d’aucune base dans la zone et que les installations militaires de Vishakhapatnam étaient strictement nationales. Cette dernière affirmation appelle des réserves, compte tenu de ce que de nombreux techniciens russes y montent un atelier de réparation de turbines à gaz, qu’un [NDLR 2021 : destroyer] Kashin soviétique y a fait relâche il y a quelques mois et que deux sous-marins égyptiens d’origine russe y ont été en petit carénage.
Afghanistan : coopération militaire avec l’URSS
La coopération militaire afghano-soviétique continue à être très étroite. On note ainsi la livraison de 12 nouveaux Su-7 aux Forces aériennes royales, la participation de 24 MiG-21 afghans à des manœuvres aériennes en territoire soviétique et la construction par les Russes d’un hôpital militaire de 400 lits et de deux champs de tir modernes à Kaboul et Kandahar. L’URSS s’est en outre engagée à aménager six petits aérodromes dans la province de Badakchan (nord-est du pays).
Japon : vers le réarmement
Le problème du réarmement vient de se trouver à nouveau posé avec une acuité accrue, sous la forme d’un cas de conscience pour l’opinion japonaise, avec le spectaculaire sacrifice rituel du romancier Mishima. Ce dernier, ardent défenseur des vertus militaires du Japon traditionnel (bushido), et qui avait fondé à cette fin une petite « armée privée » (la société du Bouclier), s’est en effet introduit, le 25 novembre, à l’Agence de Défense de Tokyo dans le bureau du général Mashita (4), pour tenter de le rallier à ses idées en vue d’un possible coup d’État contre le régime, jugé corrompu et inféodé à l’étranger. Mais, n’obtenant que des sarcasmes et ayant harangué l’entourage sans résultat, il se donnait la mort selon le rite des samouraïs (5). Devant l’émotion considérable suscitée dans le pays, et pour prévenir de nouveaux sacrifices chez les disciples. M. Sato s’est aussitôt efforcé de minimiser l’« incident », mais compte tenu du respect japonais envers l’héritage du passé, on ne peut douter qu’un tel geste contribue à éveiller le sentiment national et « une certaine fierté militaire »…
Cet événement a eu un impact d’autant plus pénétrant qu’il survenait à quelques jours de la publication du « plan de base » du 4e plan de Défense (1972-1976), qui permet de mesurer plus justement l’effort d’armement envisagé. Le budget total correspondant à ce plan se montre à 5 800 Md de yens, soit 90 Md de francs, ce qui représente un peu plus de la moitié de la 3e loi de programme militaire française (168,5 MdF pour 1971-1975). Ce budget est, globalement, 2,2 fois plus élevé que celui du plan précédent, mais ne constituera encore, compte tenu de la croissance prévisible du PNB, que 0,92 à 0,95 % de celui-ci. Il placera cependant le Japon désormais au 7e rang mondial (après les cinq grands et la RFA).
Les priorités et les principaux objectifs apparaissent ainsi dans ce plan :
– R&D (3,5 fois le montant précédent) : nouvelle phase de l’avion et de l’hélicoptère ASM, missiles surface-surface, équipements électroniques.
– Armée de l’air (2,8 fois) : 54 chasseurs F-4EJ Phantom supplémentaires (total 158) soit deux nouveaux escadrons (total 6), 3 nouvelles unités de missiles NIKE-J (total 7), avion d’entraînement XT-2 (présérie d’environ 50 débutant en 1973), transporteur XC-1 (40 appareils au maximum), 4 sites radars à Okinawa, en plus des 24 du Japon dont 2 autres (total 6) seront équipés de matériel 3-D (Radar tridimensionnel).
– Marine (2,3 fois) : construction de 2 destroyers porte-hélicoptères de 8 000 t. d’un destroyer de 4 000 t équipé de missiles Tartar, et de 14 hovercrafts lance-missiles mer-mer. Achat de 60 avions ASM (dont 45 P-2J), 15 hydravions PS-1, 60 hélicoptères ASM (dont 45 HSS-2), 4 hydravions SS-2 de recherche en mer et 16 hélicoptères dragueurs de mines.
– Armée de terre (1,8 fois) : accroissement de la puissance de feu et de la mobilité. 4 nouveaux bataillons de Hawk (total 8), 280 chars 61 (total 1 000), 100 chars amphibies nouveau modèle, et 150 hélicoptères OH-6, HU-1, KV-107 (total 380).
Au total, ces orientations, destinées à remplacer des matériels très démodés, ne représentent encore qu’une première mise en place de moyens, surtout aéronavals, purement conventionnels, qui ne justifient pas, actuellement, l’accusation de « renaissance du militarisme ». Tout au plus le Japon peut-il se trouver en mesure, dans un avenir rapproché, d’assurer une reprise de contrôle progressive de l’ensemble des bases US sur son territoire et d’exercer une certaine suprématie dans la « zone d’intérêt vital » des abords immédiats de l’archipel nippon (Taïwan, Corée, Kouriles). En revanche, remarquant que 80 % de ces nouveaux matériels seront de conception japonaise, on peut penser que le « virage » pris par l’Agence de Défense aura d’importantes conséquences sur les plans industriel et commercial. Le Japon va se tourner, maintenant, vers les fabrications d’armes, secteur négligé jusqu’à présent, comme pour relayer d’autres branches qui ont atteint leur maximum (automobile). L’aviation et les fusées, en particulier, devraient connaître un rapide essor, et il est vraisemblable que le Japon va entrer activement dans le commerce international des armements.
Asie insulaire et péninsulaire : le système de défense à cinq
Une réunion d’officiers supérieurs s’est tenue à Canberra fin octobre, pour préparer la rencontre d’avril 1971 au cours de laquelle seront définies les structures logistiques et de commandement d’un système de défense à cinq.
La Grande-Bretagne a précisé les limites de sa participation au futur dispositif de défense : un bataillon d’infanterie, un détachement d’appareils de reconnaissance à grand rayon d’action du type Hawker Siddeley Nimrod, un certain nombre (non précisé) d’hélicoptères, cinq frégates ou destroyers, éventuellement un sous-marin soit environ 4 000 hommes. Les services administratifs et logistiques seront implantés à Singapour, tandis que la base de Butterworth (NDLR 2021 : Malaisie), déjà affectée aux Mirage australiens, constituera l’ossature du système de défense aérienne commune.
Les Britanniques enfin réserveront 10 millions de Livres aux dépenses d’un programme d’entraînement intensif des éléments d’infanterie spécialisée dans la guerre de jungle à l’École de brousse de Kota-Tinggi (Malaisie) qui peut recevoir 3 000 h par an.
Cette participation réduite n’a pas surpris le gouvernement malaisien qui a souligné la primauté de Singapour et de Kuala-Lumpur dans l’alliance et leurs responsabilités accrues. La seule question, non résolue, est celle de l’intervention des forces de la Grande-Bretagne, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande dans l’hypothèse d’une crise née d’une situation interne. ♦
(1) On se souvient de la « controverse nationale » déclenchée en 1969 par le débat au Congrès sur la défense ABM (antimissiles balistiques).
(2) L’armée de métier n’est possible aux États-Unis qu’avec des effectifs n’excédant pas 2 500 000 hommes. Or, c’est précisément vers ce niveau que conduit la doctrine Nixon qui a déjà permis de passer de 3 500 000 h en juillet 1969 à 2 850 000 h en décembre 1970.
(3) Conformément aux vœux des riverains exprimés à la conférence de Lusaka.
(4) Commandant la Région militaire de l’Est (dont le siège est à Ichigaya près de Tokyo).
(5) Le terme « hara-kiri » est trivial au Japon.