Défense en France - Armée de conscription ? Armée de métier ? En tout cas, une armée plus active… !
La forme actuelle du service militaire est depuis quelque temps l’objet d’une double offensive : l’une, ouvertement menée par des partis de gauche notamment, soutenant les revendications de certains appelés qui prétendent « perdre leur temps » sous les drapeaux – le peu d’instruction militaire qu’ils y reçoivent pourrait aussi bien, estiment-ils, leur être dispensé en six mois au lieu d’un an : celle, plus diffuse, de certains cadres d’active qui n’hésitent pas à exprimer des doutes sur la rentabilité du système actuel et verraient sans déplaisir une armée de métier, ou plus exactement faisant un large appel au volontariat, formule déjà adoptée par les États-Unis et la Grande-Bretagne, et qu’ils estiment somme toute guère plus coûteuse mais autrement plus efficace que celle d’une masse d’appelés plus ou moins bien instruits, très peu motivés et dont les frais d’entretien (Titre III du budget) ne cessent de croître au détriment des investissements en équipements et infrastructure. Mieux vaudrait, disent-ils, une armée plus petite mais bien entraînée, bien équipée et jouissant de conditions de vie plus décentes. Il est de fait que les uns et les autres s’accordent sur le bien-fondé des protestations de certains appelés qui admettent, disent-ils, de « perdre une année de salaire mais pas une année de temps ». Ainsi, c’est tout à la fois le principe de la conscription, la durée du service et les activités auxquelles il donne lieu qui sont mis en question.
Essayons de voir un peu plus clair dans ce débat dans lequel, faute de données objectives chiffrées, on tombe vile dans l’usage d’arguments d’ordre passionnel ou idéologique et l’on donne un poids parfois excessif à l’agitation d’un petit nombre. Nous ne prétendons pas trancher. Aussi bien est-ce l’affaire du politique qui peut toujours préférer des solutions apparemment coûteuses, mais qui doit en tout cas savoir ce qu’elles lui coûtent. Nous allons donc examiner ici les principales données du problème et essayer de chiffrer le coût de l’armée de conscription actuelle, celui qu’on peut prévoir pour une armée de métier, et celui enfin de diverses formules intermédiaires dans lesquelles la durée du service serait soit de 6 mois, soit de 8 mois.
Précisons d’emblée que nous nous placerons dans le cadre de notre politique de défense – avec un budget qui représente cette année 17 % de celui de l’État et dont on peut espérer au mieux qu’il continuera, sauf accident, à croître jusqu’à atteindre le rapport d’environ 20 % en 1982 selon les intentions prêtées au président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Nous ne remettrons pas en question non plus les structures actuelles de nos forces. Ce que ne disent pas en effet les détracteurs du système – mais peut-être n’en ont-ils pas toujours conscience – c’est que les solutions qu’ils préconisent impliquent généralement de tout autre structure et une tout autre politique de défense.
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