Il en est de l'armement nucléaire comme de tout autre : il n'est pas donné une fois pour toutes. Pour l'auteur, ingénieur général de l'armement, adjoint-atome à l’État-major des armées, l'effort doit être poursuivi afin de maintenir notre force de dissuasion à hauteur des techniques qui nous sont ouvertes depuis qu'en 1968 nos ingénieurs ont réussi le passage à la fusion thermonucléaire.
Perspectives d'évolution de l'armement nucléaire français
Depuis plus de quinze ans, la politique militaire française a eu pour objectif essentiel la création d’un armement nucléaire national, instrument majeur de la dissuasion. Cette politique était déjà contenue en germe dans l’Ordonnance du 18 octobre 1945 créant le Commissariat à l’Énergie Atomique et lui donnant pour mission de « poursuivre les recherches scientifiques et techniques en vue de l’utilisation de l’énergie atomique dans les divers domaines de la science, de l’industrie et de la Défense Nationale ».
Depuis la promulgation de ce texte, un effort soutenu a permis à la France de devenir une puissance nucléaire. Aux yeux du monde, il a été marqué par deux percées spectaculaires : la première explosion de Reggane le 13 février 1960 et la première explosion thermonucléaire au Centre d’Expérimentations du Pacifique le 14 août 1968. Cependant ces événements, pour si importants qu’ils soient, ne marquaient ni l’un ni l’autre un aboutissement, mais plutôt des points de départ pour des réalisations concrètes. Dès le succès du premier tir, la France a décidé le développement de systèmes d’armes opérationnels, Mirage IV d’abord, puis engins balistiques SSBS et MSBS qui viennent d’entrer en service, arme tactique enfin. Le prochain objectif est la mise en service de charges thermonucléaires à bord des sous-marins lanceurs d’engins en 1976. C’est la disposition effective de systèmes d’armes nucléaires qui permet à la France d’avoir la maîtrise de sa défense.
Dans ces conditions, la question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si notre pays peut maintenant ralentir son effort et admettre que l’armement réalisé ou en cours de réalisation est suffisant pour une longue période ou au contraire si cet armement peut ou même doit évoluer.
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