Institutions internationales - L'Europe : 8 et 1 - Les espoirs de M. Caramanlis - Relance du dialogue Nord-Sud
Depuis longtemps politique intérieure et politique extérieure n’étaient pas apparues aussi liées que depuis que, dans deux grands pays européens – la France et l’Italie – la situation électorale n’exclut pas l’éventualité d’une participation du parti communiste au gouvernement. Les changements survenus au Portugal avaient déjà introduit une donnée nouvelle au sein de l’Otan. La crise italienne et les élections législatives françaises ont dès maintenant, plus directement encore, mis en lumière l’ampleur du changement que représenterait l’entrée de ministres communistes dans le gouvernement, trente ans après leur exclusion, laquelle avait été l’une des conséquences de la cristallisation de la guerre froide.
Il ne s’agit pas ici de formuler un jugement sur ce que signifierait cet événement, mais d’en enregistrer l’éventualité en fonction de ses conséquences prévisibles : ni la Communauté européenne, ni l’Alliance Atlantique ne seraient ce qu’elles ont été jusqu’ici. Ce changement surviendrait dans une période de tensions. Les conflits africains ne paraissent que pouvoir s’aggraver et s’internationaliser encore davantage, et les troubles qui ont ensanglanté Tunis placent « l’après-Bourguiba » sous de sombres auspices, ce qui affecte l’équilibre du Maghreb. Les suites des premiers entretiens Sadate-Beghin se heurtent à de nombreux obstacles, etc. Une nouvelle fois, on observe que les institutions internationales sont absentes du règlement recherché. M. Kur Waldheim enregistre l’évolution des pourparlers égypto-israéliens sans que l’ONU y soit directement (ni même indirectement) impliquée. Les responsables de l’Otan doivent rester silencieux devant les luttes politiques sous peine d’être accusés d’« ingérence ». Aussi bien, une nouvelle fois, seule l’Europe, en tant qu’institution, affirme une certaine existence, en dépit de nombreuses difficultés.
L’Europe : 8 et 1
La négociation sur la pêche ne paraissait pas devoir mettre en cause la solidarité des Neuf, même si les décisions à prendre étaient d’une grande importance économique. Les discussions sur le droit de la mer, dans le cadre de l’ONU, ont été âpres. En 1958 deux membres de l’Otan, la Grande-Bretagne et l’Islande, s’étaient violemment heurtés à propos de la limite des zones de pêche. Aussi le problème n’est-il pas nouveau. Depuis plusieurs mois, les Neuf parlaient de la manière dont il conviendrait de répartir entre eux les droits de pêche dans les deux cents milles communautaires. Ils s’étaient flattés à plusieurs reprises de se trouver tout proches d’un accord. Mais le 30 janvier le ministre britannique, M. Silkin, a déclaré brutalement qu’il ne serait pas possible, cette fois encore, de définir une réglementation interne. Il s’agit, a-t-il ajouté, d’une affaire très compliquée, nécessitant de multiples contacts bilatéraux supplémentaires (c’est-à-dire extérieurs aux procédures normales de la CEE). Il a suggéré de proroger de deux à trois mois le statut provisoire actuel, et de se contenter d’arrêter le mandat de négociations, pour que de nouveaux accords de pêche, valables en 1978, puissent être conclus avec les pays tiers (Norvège, Suède, Espagne, Îles Féroé). L’inconvénient du maintien du statut actuel est double : il rend difficiles les négociations avec les pays tiers, mais surtout, faute d’une politique de conservation des ressources de poissons conçue à l’échelle de la CEE, il laisse peser la menace de mesures nationales unilatérales. En d’autres termes, après un an de discussions, les Neuf, qui avaient décidé de gérer solidairement la zone de deux cents milles s’étendant au large de leurs côtes, ont constaté leur impuissance à définir une politique commune de pêche. Au-delà du dossier économique, la rupture du 30 janvier a une dimension politique : selon le ministre néerlandais de l’Agriculture et de la Pêche, M. Van Der Stee, l’enjeu est de savoir si les Britanniques sont disposés à respecter les traités et à collaborer à une action commune, ou bien si la CEE va vers une situation où toute discussion sera bloquée lorsqu’elle ne sera pas favorable au Royaume-Uni.
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