Outre-mer - Namibie : nouvelles difficultés en vue - La normalisation des relations franco-malgaches et la détente dans l'océan Indien
Ayant démissionné de sa charge de Premier ministre le 20 septembre dernier, M. Vorster a été élu, neuf jours plus tard, par le Parlement sud-africain réuni en session extraordinaire au Cap, à la présidence de la République où il assume la succession du Docteur Nicholas Diederichs mort en août dernier. La veille de cette élection, le Parlement avait élu comme Premier ministre, en remplacement de M. Vorster, l’un des conservateurs les plus affirmés du Parti national afrikaner, M. Pieter Willem Botha (à ne pas confondre avec ses homonymes, M. Pik Botha, ministre des Affaires étrangères, et M. Stephanus Botha, ministre du Travail et des Mines) qui cumulera dorénavant avec sa nouvelle charge celle de ministre de la Défense qu’il exerçait déjà.
Ces remaniements dans l’équipe dirigeante sud-africaine ne semblent pas, bien au contraire, devoir modifier profondément l’attitude de Pretoria à l’égard du problème de l’ancien Sud-Ouest africain. Mais la décision déjà prise par Pretoria d’accorder son indépendance à la Namibie et d’y organiser des élections sans le contrôle de l’ONU peut avoir des conséquences graves. La question est de savoir si elle est l’aboutissement d’un plan conçu par l’Afrique du Sud pour maintenir son influence par l’intermédiaire d’un gouvernement qui lui serait acquis, ou si elle a été causée par des exigences excessives de la SWAPO (South-West African People’s Organisation) dont M. P.W. Botha a encore affirmé qu’il ne tolérerait pas l’arrivée au pouvoir de ce mouvement marxiste.
Pour essayer d’y voir clair, il convient de se reporter au mois de juin. À cette date, les forces en présence étaient les suivantes. D’un côté, une coalition des partis représentant les différentes communautés ethniques, la DTA (Alliance démocratique de Turnhalle), dirigée par M. Dirk Mudge, regroupe les forces modérées désirant accéder à l’indépendance sans rupture avec l’Afrique du Sud, et mène une active campagne de propagande dans tout le pays. Elle est issue de la Conférence de Turnhalle qui avait préparé un texte de Constitution pour un Sud-Ouest Africain dont l’indépendance devait être proclamée avant la fin de l’année 1978 : ce texte respectait la personnalité de chacun des groupes ethniques. Trois partis européens plus conservateurs contestent les décisions de Turnhalle ou les considèrent comme définitives tandis que la DTA accepterait leur évolution progressive vers un système de gouvernement multiracial. D’un autre côté, les adversaires de la solution sud-africaine sont représentés par la SWAPO, mouvement de libération reconnu par l’OUA (Organisation de l’unité africaine) et installé principalement en Angola mais aussi en Zambie et en Tanzanie. Ce mouvement, issu d’une fraction des Ovambo, groupe ethnique qui, avec près de 47 % de la population, domine largement et inquiète les autres ethnies – dont la deuxième en importance est la communauté blanche (12 %) –, se recommande du marxisme-léninisme ; à ce titre, il compte des sympathisants minoritaires dans toutes les communautés. À partir de bases situées en Angola et en Zambie, la SWAPO mène des activités subversives depuis une dizaine d’années dans le Caprivi strip, territoire le plus facile à atteindre, en Ovamboland pour empêcher le fonctionnement du Gouvernement autonome de ce homeland, et des actions terroristes dans le reste du pays afin de lutter contre l’implantation de la DTA. La SWAPO reproche à l’administrateur sud-africain de la Namibie, le juge Steyn, de favoriser les campagnes électorales de la DTA ; les autres partis s’indignent des méthodes d’intimidation utilisées par la SWAPO, accusée de contester toute forme d’indépendance qui ne lui permettrait pas d’accéder au pouvoir.
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