Revue des revues
• Le numéro d’août 1982 de la Revue des Deux Mondes contient un article de M. Charles Hernu, ministre de la Défense, intitulé « Sécurité internationale et développement : La France et l’Afrique ».
M. Hemu rappelle d’abord l’importance des rapports affectifs dans les relations franco-africaines. L’on doit décrire le contexte humain, économique et politique dans lequel doit s’inscrire le comportement de la France face à ses responsabilités vis-à-vis de l’Afrique. L’emploi d’une langue commune facilite les contacts. Il en est de même des sacrifices consentis pour notre pays par les peuples africains. Les difficultés sont celles de toutes les nations jeunes dans un environnement national et international difficile : variations erratiques des prix des matières premières, crise internationale renchérissant les importations d’énergie et de biens d’équipement, faiblesse des structures internes, politiques, administratives et économiques, absence d’une défense efficace dans un continent devenu le théâtre d’affrontements majeurs, importance de la situation géographique du fait des voies de communication et des ressources en matières premières. De plus, l’Afrique est placée dans la confrontation Est-Ouest.
La France a la volonté d’enrayer la détérioration de la situation, poursuit M. Hernu, pour poser la base de progrès véritables, d’où le souci affiché à Mexico, Cancun, Versailles, de mettre en œuvre une véritable politique Nord-Sud, d’accroître l’aide publique au développement, de créer une coopération intime entre le Nord et le Sud pour s’opposer à l’omniprésence de l’axe Est-Ouest. Mais la France a le respect absolu de la souveraineté des États et des peuples, et les pays qui abandonnent une partie de leur indépendance deviennent des victimes ou des enjeux. L’Afrique est menacée parce qu’elle a besoin de l’extérieur, un alignement dans les querelles entre Grands pouvant être la contrepartie d’une aide. Aussi la France soutient les organismes internationaux à l’échelle du continent et de la région. Une aide ne doit pas être assortie de conditions portant atteinte à la souveraineté ni constituer une ingérence. Mais la France n’est pas aveugle et ne soutient pas des pays qui pourraient être une menace pour leurs voisins ou mèneraient une politique contraire aux droits et valeurs les plus élémentaires. Une aide bien comprise respecte les spécificités et les conceptions politiques et morales des partenaires. L’intérêt de la France et de l’Europe est que l’Afrique accède à un développement suffisant. Elle est nécessaire à une entente Nord-Sud sans laquelle la paix du monde sera toujours menacée.
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