Ayant rendu l'espoir à son pays en octobre 1973, enregistré des succès dans les actions diplomatiques qui ont suivi, le président Sadat vient encore de marquer des points en décidant la réouverture du Canal et en admettant la prolongation pour trois mois de la Force d'urgence des Nations unies. Il lui reste à gagner une autre bataille, celle du développement économique auquel aspire impatiemment le peuple égyptien. L'auteur, observateur attentif du monde arabe, fait le point de cette situation contrastée où le brio de l'action politique extérieure alterne avec la grisaille des difficultés quotidiennes. Le Président égyptien, homme d'État d'une classe exceptionnelle, réaliste et habile manœuvrier, gagnera-t-il cette seconde bataille en vue de laquelle il vient de mettre en place un nouveau gouvernement ?
Le pragmatisme égyptien dans la crise orientale
La guerre d’octobre 1973 a enthousiasmé le peuple égyptien. Cependant, les longs mois de trêve qui ont suivi, la tenace mais ingrate recherche d’une « solution politique » du conflit, les lenteurs de la reconstruction, les incertitudes du développement, n’ont pu qu’attiédir cette ferveur.
Le prompt et brillant succès que constitue, dès le début de 1974, l’accord de désengagement entre forces égyptiennes et israéliennes, ne se renouvelle pas dans les mois qui suivent. L’espoir d’investissements américains rapides et massifs se dissipe peu à peu. La coopération soviétique, ébranlée par trop de malentendus, ne déçoit pas moins.
Le président Anouar as Sadat et les hommes d’État qui l’entourent font donc face à une conjoncture médiocre, mais dont les traits se modifient fréquemment. Il leur faut montrer autant de souplesse que d’énergie, sans craindre les inflexions, ni même les revirements. Si l’on avait pu déceler, en 1970 et 1971, des formules de gouvernement propres au nouveau président, il devient désormais plus difficile de caractériser son attitude, qui paraît toute pragmatique. Mais il n’en est que plus intéressant d’observer comment les institutions égyptiennes répondent, sous son impulsion, aux nécessités simultanées variables et parfois presque contradictoires, de la diplomatie, du développement, de l’ordre public, voire de la préparation éventuelle à de nouveaux combats.
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