L’Afrique centrale / La Syrie
Nous nous devons de signaler aux lecteurs de notre revue deux rééditions opportunes.
La première, due à l’excellent africaniste qui dirige actuellement le Centre des hautes études sur l’Afrique et l’Asie modernes (Cheam), rappelle la gestation parfois pittoresque, toujours difficile, souvent sanglante, des États d’Afrique centrale issus de la colonisation. Dix États sont ainsi présentés, en dix petites synthèses exemplaires. Le moment de cette réédition est bien choisi : la décennie 1990 commence par la marche, encore boitillante, vers la démocratie. Est-ce à dire que le développement suivra ? L’énorme potentiel de l’Afrique équatoriale le laisse espérer ; mais après trente années d’indépendance le chemin reste à ouvrir, qui mènera, sinon à la prospérité, du moins à un minimum de dignité.
Dans le second ouvrage, Philippe Rondot met sa Syrie (première édition en 1970) au goût du jour. Si les données de base, géographiques et historiques, sont naturellement reprises, c’est la personnalité de Hafez el-Assad et ses œuvres habiles qui font la nouveauté du livre. Aussi secret que Saddam Hussein, comme lui rencogné dans sa tanière, le maître de Damas est d’une autre stature que celui de Bagdad. La rude gestion de sa politique intérieure, les méandres de celle qu’il mène face au Liban, à l’Irak ou à l’Iran deviennent, sous la plume de l’auteur, presque compréhensibles. En 1993, force est de reconnaître le succès de la Realpolitik conduite par le leader alaouite. Alaouite avons-nous dit… : la succession n’est pas assurée. ♦