Les bérets bleus de l’ONU, à travers quarante ans de conflit israélo-arabe
Dans la chronique consacrée à « La participation française aux missions de maintien de la paix » (mars 1989), le livre du général (CR) Le Peillet était cité, sans que son contenu ne soit analysé. Au moment où son auteur ouvre dans cette revue de nouvelles perspectives d’emploi des Bérets bleus, cet oubli appelle réparation. Observateur de l’ONU sur le canal en 1967-1968, puis attaché des forces armées à Beyrouth de 1975 à 1979, Pierre Le Peillet a vécu toute l’évolution des forces de l’ONU et des autres forces d’interposition, qu’il décrit ici de façon précise, objective et critique.
Fondé sur une documentation très riche, son récit entremêle trois histoires parallèles : la relation du conflit israélo-arabe et de la guerre du Liban, 40 années d’un drame toujours actuel, dont l’auteur espère un apaisement grâce à la modération soviétique ; la description des forces de maintien de la paix, « armées de l’autorité morale de l’ONU, du courage et de la détermination de ses soldats », pas toujours efficaces en raison de l’impuissance du Conseil de sécurité, nécessaires cependant pour contrôler les trêves et séparer les combattants en présence ; le récit anecdotique des activités des soldats de la paix, courageux et modestes, à la fois diplomates et samaritains, « victimes émissaires » des camps opposés (733 morts dont 129 Français).
Au cours de ces 40 années, les Bérets bleus sont devenus des acteurs permanents de l’actualité mondiale, tellement banals que leur épopée était ignorée des historiens et du grand public. La compétence et le talent de l’auteur, non dénués de passion, en font un ouvrage de référence pour l’histoire militaire et aussi pour celle de notre temps. Tout au long de ces 800 pages, le style clair et le ton alerte maintiennent l’intérêt du lecteur et suscitent l’admiration envers ces soldats oubliés et désarmés. ♦