Histoire de l’officier français
Signalant aux lecteurs cet excellent ouvrage, on répare un oubli, heureusement sans conséquence : une étude historique, enrichie de nombreux textes authentiques et d’une iconographie admirable, ne se périme pas ; celle-ci a sa place dans toutes les bibliothèques militaires.
Sur un sujet si vaste, la multiplicité des auteurs (six) est un gage de sérieux, comme le découpage du temps qu’ils se sont réparti. 1445-1789, la première époque est fort longue, donc diverse : la guerre était, à l’origine, « plutôt un esbat qu’une inimitié » ; le progrès des armes à feu rendra l’esbat moins plaisant, les guerres de religion le feront tout à fait méchant. Avec la Révolution et l’Empire vient le grand chambardement. 1815-1870, c’est le retour au calme, et l’élaboration du statut de l’officier moderne. 1871-1919 : les drames politiques ne seront surmontés que par la perspective de la revanche. De 1920 à nos jours, enfin, nouveau chambardement, qui dure encore !
Un tel cheminement à travers notre histoire militaire dévoile bien des poncifs, ruine nombre de simplifications. Homme de culture ou traîneur de sabre, champion de causes nobles ou sordides, discipliné ou frondeur, défenseur du faible ou pillard sans scrupule, bon chrétien ou soudard, que reste-t-il du pur modèle de l’officier ! « Mais l’honneur, Monsieur, dira l’un. Simplement le courage, dira l’autre, et c’est déjà beaucoup ».