La Syrie
Héritière de la Grande Syrie dont le traité de Sèvres en 1920 consacra le démembrement et qui comprenait, outre le territoire syrien d’aujourd’hui, le Liban, la Palestine et la Transjordanie, la Syrie du Président Hafez el-Assad est plutôt mal connue des Européens qui ne la voient guère qu’à travers le conflit du Proche-Orient et qui ont tendance à assimiler le courage des Syriens à un extrémisme pour lequel ils n’ont aucune affinité. On oublie souvent – ou l’on ignore – qu’elle est une terre des plus riches en souvenirs historiques et en vestiges prestigieux.
Qu’il suffise de citer le nom de Palmyre, cette grandiose capitale qu’édifia la reine Zénobie aux portes du désert, là où s’opéraient les échanges caravaniers entre l’Orient et le monde romain, et dont les avenues et les temples aujourd’hui relevés forment un ensemble d’une beauté à vous couper le souffle. Et il est tant d’autres souvenirs de ce pays araméen auxquels les Chrétiens ne sauraient demeurer insensibles ! Mais on ignore aussi trop souvent que la Syrie est aujourd’hui un pays en plein développement, un développement sage, raisonnable, qui ne défigure pas mais aménage le désert, fait surgir sur l’Euphrate, à mi-chemin entre Alep et la frontière d’Irak, le puissant barrage de Tabqa, et fait mentir la fable que répand une propagande adverse selon laquelle les Arabes seraient incapables de tirer parti de la terre et de l’eau.
Il est vrai que les Syriens n’ont peut-être pas consacré les moyens qu’il eut fallu pour faire leur publicité. Mais ils sont en train de se rattraper et d’organiser – à une échelle encore bien modeste – les hôtels et les infrastructures nécessaires à l’accueil des touristes.
Il est vrai aussi qu’il n’y avait jusqu’ici à notre connaissance aucun ouvrage à jour qui puisse satisfaire les candidats au voyage ou même seulement les lecteurs soucieux de s’informer sur cette terre sur laquelle la France exerça son mandat de 1920 à 1946 et dont la population garde pour notre pays une amitié certaine.
Il faut se réjouir de voir cette lacune aujourd’hui comblée par un jeune officier, le commandant Philippe Rondot, fils du célèbre spécialiste du monde arabe et islamique qu’est le général Pierre Rondot.
L’ouvrage qu’il nous offre est très complet puisqu’après un rappel des notions géographiques et historiques indispensables il expose les institutions et la vie politique de la Syrie moderne, sa vie économique, sa position et son action dans le conflit, sa place enfin dans le monde arabe d’aujourd’hui. Ce petit « Que sais-je ? » a pour mérite d’être actuel, simple, clair et très objectif. ♦