Mort d’un général
Il s’agit d’un roman d’espionnage, sans doute un peu plus réussi que d’autres sur le plan du suspense (personnellement nous sommes mauvais juge en la matière) mais dont, en tout état de cause, la revue Défense Nationale n’aurait jamais songé à rendre compte s’il n’avait pas une curieuse particularité. Toute l’histoire est fabriquée à partir d’un accident aérien survenu en 1968 à la Réunion, et dans lequel aurait péri un certain général français Marcotte, désigné, sans autre précision, comme étant chef d’état-major (ou parfois chef de l’Armée), accompagné, au retour d’une inspection dans l’océan Indien, d’un certain nombre de ses collaborateurs, ainsi que de sa femme et de sa fille.
Le lecteur, celui du moins qui a suivi l’actualité de ces dernières années, commence à dresser l’oreille. Et puis il apprend avec surprise que cet accident était le résultat d’un sabotage de l’avion, et que ce sabotage était l’œuvre d’une sorte de mafia des ennemis du général Marcotte – anciens OAS, officiers anti-gaullistes manipulant des hommes de main, ou simplement jaloux du rapide avancement d’un collègue. À partir de là, les développements imaginés par l’auteur ne peuvent plus être pris au sérieux. La clé, qui avait semblé évidente, et par là même alarmante, au départ, et qui pouvait, ajuste titre, indigner la plupart de ceux qui avaient connu le supposé chef d’état-major, se révèle n’être qu’un fil de fer tordu et rouillé qui ne donne plus accès qu’à des fantasmagories assez banales. On est alors rassuré. Suivant la formule consacrée : « toute ressemblance éventuelle apparaît comme totalement fortuite et occasionnelle ». Le lecteur peut alors, sans mauvaise conscience et sans gêne, continuer à tourner les pages en attendant le dénouement, puis abandonner le livre dans le train où il l’avait sans doute emporté, à bon escient, puisqu’il lui aura fait paraître le temps plus court… ♦