Où va Israël ?
Encore un livre sur Israël ! Journaux, revues, télévisions et radios ne nous ont-ils pas tout dit sur le sujet ? Sans doute… mais nous croyons que jamais le problème juif dans son ensemble n’a été mieux et plus complètement exposé que par Nahum Goldmann. Du moins sur le plan politique. Pour ce qui est des événements, il les suppose connus.
L’intérêt de son analyse et des solutions qu’il préconise tient au fait qu’il suit la question depuis ses origines, ou presque. Né en 1895, il a milité dès avant la Première Guerre mondiale dans le mouvement sioniste. Il a ensuite représenté ce qu’on appelait l’Agence Juive à la Société des Nations (SDN). Enfin, la création de l’État d’Israël au lendemain de la Seconde Guerre doit énormément aux actions qu’il a menées dans les milieux des Nations unies, et il reste, aujourd’hui encore, président du Congrès juif mondial (WJC). Plus que quiconque, il sait d’où on est parti, ce qu’on a voulu faire et pourquoi le problème n’a pas été – ou si imparfaitement – résolu par la création de l’État d’Israël. Il a aussi, sur la façon de s’en sortir tout en assurant la survie d’Israël, des idées souvent originales et toujours précises. Il les explique et les défend avec clarté et logique, dans un texte très dense, auquel l’excellence de la traduction apporte un élément de conviction supplémentaire.
Très schématiquement sa thèse est la suivante. Les Israéliens ont perdu de vue l’objectif du sionisme en créant un État semblable à tous les autres. Cet État n’a de chances de survivre et de voir son existence garantie par l’opinion publique mondiale que s’il cesse d’être une menace permanente pour la paix du monde et décide de se consacrer tout entier à la création culturelle, religieuse et sociale.
Cette thèse n’est ni un regret, ni un vœu pieux. Nahum Goldmann est tout, sauf un rêveur. Le lecteur sera certainement frappé par le réalisme et le caractère concret des solutions qu’il préconise, qui tiennent le plus grand compte de l’environnement politique présent et prévisible, que nul ne connaît aussi bien que lui.
Qu’elle soit ou non entendue, la voix de Nahum Goldmann est celle d’un homme intelligent et courageux… d’un sage, dans la pleine acception du terme. ♦