Pour une sociologie politique. Tome I et Tome II
Le fait que cet ouvrage ait été publié dans une collection « qui s’adresse à l’honnête homme » et qui vise – en particulier par son format de poche – à une assez large diffusion, ne doit pas faire illusion : Pour une sociologie politique ne débordera sans doute pas, ou à peine, le cadre universitaire (professeurs et étudiants), auquel il était primitivement destiné sous la forme de feuilles polycopiées accompagnant un cours oral et des travaux dirigés de sociologie politique à l’Université de Paris I.
Cette discipline, qui d’après la définition des auteurs est l’étude de « la liaison entre la politique et la totalité sociale », n’a reçu que récemment un droit de cité autonome dans notre enseignement supérieur. On la pratiquait, certes ! mais sans le savoir, depuis Marx, Durkheim et Max Weber. Cependant son domaine n’avait pas été vraiment délimité, ni son vocabulaire défini. S’ils le sont un peu mieux aujourd’hui, la sociologie politique n’est pas pour autant devenue familière au grand public, ni même aux élites cultivées. Nos deux auteurs ont eu beau faire précéder leurs développements d’une très longue introduction destinée à « rappeler » les notions qu’ils considèrent comme acquises et à « éclairer » une terminologie qui tâtonne encore, il n’en reste pas moins que le lecteur « non prévenu » aura beaucoup de mal à s’orienter dans le corpus déjà abondant de cette nouvelle science, à moins qu’il ne s’astreigne à un gros effort de mémoire et d’attention plus normalement à la portée d’un jeune étudiant que d’un lecteur « arrivé ».
Par ailleurs – c’est en fait normal puisqu’il s’agit d’un cours – l’ouvrage de Jean-Pierre Cot et Jean-Pierre Mounier, plutôt que de s’attacher à des aspects concrets et actuels des interactions entre le politique et le social, s’astreint, dans un but didactique, à rester dans le domaine des généralités. Ce n’est pas là non plus la meilleure façon de retenir l’attention des adultes.
Ceci dit, en faisant abstraction des efforts de systématisation qui alourdissent l’ouvrage, on y découvrira, au hasard des chapitres, beaucoup d’analyses, de déductions et de raisonnements qui ne manqueront pas de retenir l’attention. On constatera que l’érudition des auteurs est considérable. Ils connaissent, exposent et commentent les théories, en particulier anglo-saxonnes, les plus récentes, dont certaines se trouvent ainsi introduites en France par leurs soins. Ils ne cherchent pas, d’autre part, à camoufler leurs propres préférences idéologiques qui les rattachent à la famille spirituelle du marxisme. Jean-Pierre Cot, quant à lui, député socialiste de la Savoie, est maintenant engagé dans l’action politique quotidienne et reconnu comme un des leaders les plus dynamiques de la gauche. Il est donc partie prenante en matière de sociologie politique, et assume des responsabilités qui donnent du poids, de l’intérêt et du sérieux à ses prises de position. ♦