On ne peut comprendre la Libye d'aujourd'hui si l'on ne tient pas compte de sa géographie qui en fait le lien inévitable entre le Maghreb et l'Égypte, de son histoire marquée par le refus farouche de toute domination étrangère et par l'emprise d'une puissante confrérie puritaine, la Senoussiya. Mais surtout, il faut comprendre qui est son président, le colonel Gaddhafi : un fils de la steppe dont la vision politique est à la mesure des larges horizons libyens, animé par la ferveur du dessein unitaire arabe et par la mystique d'une « Révolution Culturelle », qui a l'ambition de créer un « homme arabe nouveau » et qui lui propose une « troisième voie » différente du socialisme marxiste et du capitalisme.
La Libye du colonel Gaddhafi (Kadhafi) : unité arabe et révolution culturelle
Durant les dix années qui suivirent la crise de Suez, l’Égypte, pour les Occidentaux, s’identifiait avec Gamal Abdel Nasser. De même la Libye, en Europe et outre-Atlantique, apparaît aujourd’hui comme le pays du président Maamar al Gaddhafi.
Le chef de l’État libyen récuserait, certes, pareille assimilation. Une de ses principales préoccupations actuelles est en effet, ainsi que nous le constaterons, de rendre au peuple la totalité du pouvoir politique. On ne peut guère douter, d’autre part, qu’il considère la Révolution du 1er septembre 1969, dont il fut l’auteur, non comme une rupture historique mais comme le recouvrement collectif d’une vocation religieuse et nationale.
Pourtant la Libye aurait-elle, sans Maamar al Gaddhafï, la même physionomie ? Occuperait-elle un rang aussi particulier sur la scène mondiale, et susciterait-elle autant de vives réactions et de retentissants commentaires ? Assurément non.
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