Marguerite de Valois
La biographie ressortit à deux genres en apparence très différents : l’histoire et les belles-lettres. Elle exerce souvent ses séductions sur les romanciers – tel André Maurois dans un passé récent – mais aussi sur les historiens – citons Plutarque parmi les plus anciens. La réussite se situe entre les deux. Il importe que, pour l’auteur, le personnage choisi soit un véritable « héros », mais il importe aussi que ce personnage soit placé dans un contexte historique rigoureux, sans concessions à l’imagination et sans complaisances.
De ce double point de vue, l’ouvrage d’Hedwige de Chabannes est une réussite. Écrire la vie de Marguerite de Valois exigeait de grandes précautions. Cette sœur de François Ier, duchesse d’Alençon, puis reine de Navarre, fut très intimement liée à la vie politique de l’époque. Ainsi, l’admiration et la véritable dévotion qu’elle vouait à son frère la firent s’entremettre auprès de Charles Quint pour négocier la libération du roi de France, retenu captif en Espagne après le désastre de Pavie. De même, en tant que reine de Navarre, elle servit admirablement la couronne française en faisant de son fief un modèle d’administration éclairée et économe. Mais ce rôle joué dans les « affaires du royaume » ne l’empêcha pas de participer avec gaieté, entrain et passion au grand mouvement artistique, religieux et surtout littéraire, de la Renaissance française, se situant même au tout premier rang des écrivains de son siècle avec des œuvres comme L’Heptaméron et des recueils de poésies, d’épîtres et de comédies malheureusement insuffisamment connues du grand public.
Voilà donc un personnage à facettes qui n’était pas facile à cerner. La vaste érudition d’Hedwige de Chabannes et ses dons d’écrivain se sont fort heureusement conjugués dans ce petit livre dense, concis et élégant. ♦