Kennedy et la révolution cubaine
Comme tous les ouvrages de l’excellente collection « Archives », celui-ci tire sa substance d’une masse inédite de témoignages et de déclarations que l’auteur se borne à présenter et à assortir des commentaires indispensables.
Il s’agit ici, comme l’annonce le titre, de la Révolution cubaine, du fiasco de la Baie des cochons, et de l’affaire des missiles soviétiques qui en fut la conséquence. Ces faits ont donné lieu à d’innombrables interprétations. Ils sont aujourd’hui parfaitement connus. Ce qui en revanche l’est beaucoup moins, c’est le rôle qu’a joué cette crise dans l’apprentissage politique de John Kennedy. En effet, nous dit Manuela Semidei « la question cubaine a soulevé le problème des rapports entre l’opinion publique et le Président », « entre le chef de l’État et sa bureaucratie ». Dans le système américain, dit-elle encore, un homme, le Président est investi de la responsabilité suprême. Le grand mérite de John Kennedy est de ne pas avoir succombé aux tentations de l’absolutisme. Mais eût-il cédé aux irrationalités passionnelles de son peuple, aux outrances du Pentagone, aux manœuvres de la CIA, une guerre nucléaire eût peut-être éclaté. C’est à sa sagesse et à son équilibre dans des circonstances où tout autre que lui fût allé aux extrêmes que nous devons l’état de paix dans lequel nous maintient depuis dix ans une dissuasion réciproque entre les deux Grands. ♦