Emmanuel Mounier
Contemplatif jeté dans l’action consciente, chrétien socialiste sans être socialiste chrétien, apôtre d’une révolution spirituelle sans imposer d’Évangile, croyant cherchant sa complémentarité dans l’incroyance, tel a été Emmanuel Mounier. Fondant la revue Esprit en 1930, il s’est donné pour tâche de « refaire une renaissance » où l’homme serait remis dans sa vérité et la vérité rendue à une société qui n’existe que par lui et pour lui.
Le « personnalisme », philosophie de l’être opposée à celle des idées et des choses, projet global de vie sociale établi contre le matérialisme bourgeois et la loi du profit, n’a pas disparu avec son créateur. L’œuvre de Mounier, parce qu’elle est un amour et une colère, reste singulièrement vivante et Jean-Marie Domenach, qui fut son ami et son successeur spirituel, nous le montre bien dans cette analyse qu’il nous propose d’une passion et d’un combat. N’exprime-t-elle pas en effet ce besoin d’absolu que manifeste avec tant de force aujourd’hui une jeunesse qui ne peut plus se satisfaire de tiédeur et d’incertitudes ? ♦