Malraux. Quel roman que sa vie !
« L’homme n’a pas le droit de se refuser à la passion ». Il est peu de phrases dans l’œuvre d’André Malraux qui définisse aussi bien l’esthète et l’écrivain, le partisan et le soldat, l’amant et l’ami qu’il a été. Dans sa fièvre d’exister il a trouvé du temps pour toutes choses, « un temps pour l’aventure nomade et un temps pour l’aventure sédentaire, un temps pour les barricades et un temps pour les mémoires, un temps pour abattre et un temps pour édifier, un temps pour témoigner et un temps pour parler ». Homme des tendresses confiées, tribun au verbe magique, chantre de l’action et du souvenir, il a tout été sans que le médiocre ne ternisse jamais les facettes de son personnage.
Autodidacte, il est toute la culture qui, nous dit-il, ne s’hérite pas mais se conquiert ; antimilitariste, il fait la guerre sans l’aimer, et la fait bien ; Agnostique, il hait l’athéisme ; assoiffé de vie, il est hanté par la mort ; militant de la révolte, il devient l’homme lige du général de Gaulle avec lequel il partage le goût des lointains politiques. Séducteur, il succombe aux séductions, mais un étrange destin lui arrache au fil des ans tout ce qu’il a entrepris d’aimer, des femmes, des fils, un maître.
La souffrance et la mort ne se partagent pas, écrit-il, et cette solitude qu’il accepte avec une telle superbe le grandit encore.
Malraux a tout perdu sauf son espoir en l’homme, en cet homme qu’il a tenté toute sa vie de persuader qu’il était grand.
Dans ce romantique attardé au siècle des choses, il y a du Byron, il y a du Rimbaud, il y a, en un seul, cent héros insolites, secrets, aussi attachants les uns que les autres. Pierre Galante nous conte leur histoire dans une étonnante biographie étayée de textes et de confidences de Malraux lui-même et de témoignages de ceux qui ont eu le privilège de l’approcher.
Mais que dire encore de ce livre sinon répéter sur le mode exclamatif le titre que l’auteur lui a donné : Malraux, quel roman que sa vie ! ♦