Le général de Gaulle et la construction européenn
Le thème de l’Europe et de son unité a tenu une place importante dans la pensée et l’action du fondateur de la Ve République, au moins depuis qu’en 1940, aux termes de ses propres Mémoires de guerre, il « entra dans l’aventure comme un homme que le destin jette hors de toutes les séries ».
Quant au rôle par lui tenu dans le processus trop lent qui conduit l’ancien continent à clore ses querelles et à résorber ses divisions de plus en plus surannées et funestes, point n’est besoin d’en souligner l’étendue. C’est dire l’utilité des deux tomes substantiels sur le Général de Gaulle et la construction de l’Europe (1940-1966) d’un auteur qualifié, maître-assistant à la faculté de droit de Paris, conférencier des Communautés européennes. Celles-ci ont, du reste, couronné d’un prix cette étude monumentale, pénétrante et minutieuse, déjà subventionnée par l’Éducation Nationale et le CNRS.
À juste titre, le professeur Maurice Duverger en a loué [dans la préface] « l’immense documentation » et la clarté, y a vu « beaucoup de patience, d’obstination et d’ingéniosité », et – toujours dans sa préface au volume – salué « un instrument de travail incomparable ». Ajouterais-je le souhait que, lors de sa réédition, l’examen soit poursuivi jusqu’à la retraite du général, le 28 avril 1969, les dernières années de sa présidence n’étant pas, à cet égard, les moins dignes d’attention ; l’ultime trimestre diplomatique ne fut-il pas dominé par la crise de l’Union de l’Europe occidentale ?
Le tome Ier, nourri d’exégèses approfondies des textes écrits et oraux du général de Gaulle, ainsi que d’entretiens et correspondances avec de nombreuses personnalités, analyse « la recherche d’une organisation commune », tant en ce qui est des États membres que des institutions, puis « la recherche d’une politique commune », dans les rapports avec nos cinq partenaires des Communautés et avec le reste de l’Europe et du monde. Le second tome étaie d’annexes cette vaste entreprise, certains documents inclus étant inédits et l’ensemble offrant au grand public et aux experts, singulièrement aux historiens présents et futurs de l’épopée du général et du régime instauré en 1958, une mine des plus riches. La partie la moins originale n’est pas la collection de bandes dessinées et caricatures de presse reproduites. Cette innovation marque, à ma connaissance, l’entrée de l’iconographie satirique dans nos austères facultés de droit.
Ces investigations méritent, en France et à l’étranger, d’avoir un large retentissement.