Destin de la paix
« Le destin de la paix passe par le désarmement ». C’est la phrase-clé de ce livre dont l’objet est de résumer le long historique des tentatives faites pour assurer le désarmement, depuis les origines, mais surtout au cours des 20 dernières années, mais un historique dans lequel Jules Moch fait passer le souffle de sa certitude – on pourrait mieux dire de sa foi.
Tant qu’il existera des armes, des armées, des crédits militaires, la paix restera menacée et sera à la merci des ambitieux ou des fous qui s’appuieront sur la force. Mais le chemin qui mène au désarmement est long, difficile et risquerait d’être désespérant pour les plus convaincus eux-mêmes si, précisément, ils ne s’employaient de toute leur âme à y faire les premiers pas, d’autant plus nécessaires qu’ils sont moins assurés.
Si, dans le passé, les hommes ont toujours rêvé de paix et de désarmement partiel ou universel, dans le présent, ils ont la possibilité de transformer leur vieux rêve en réalité. Car les conditions de la guerre sont devenues tellement effroyables et le monde s’est rétréci à tel point qu’il est nécessaire et possible d’aboutir à une entente internationale qui était utopique autrefois. Certes, non sans étapes, non sans concession des vanités ou des intérêts nationaux, non sans une commune bonne volonté et surtout non sans une commune volonté. L’auteur retrace les discussions si souvent décevantes auxquelles il a participé comme représentant de la France, les accords théoriques que venaient détruire les conditions pratiques de l’application et les mille incidents de la vie internationale, les difficultés réelles ou apparentes auxquelles se heurtaient les négociations, les causes et les prétextes des lenteurs de celles-ci. Mais il note aussi les progrès réalisés, les traités établis, les interdictions obtenues et effectivement respectées ; leur somme est maigre, mais suffisante cependant pour justifier l’espoir.
Ce livre est un document. Précis, il contient une longue suite de tableaux qui résument les phases des négociations et leurs résultats. Il est donc particulièrement précieux pour tous ceux qui risqueraient de se perdre dans les détails mouvementés et compliqués des travaux des commissions qui ont, depuis la dernière guerre notamment, été chargées de la question. À ce titre, il est un instrument de travail. Mais il reste un acte de foi dans la raison des hommes.