Introduction à une philosophie de l’administration
Est-ce à une philosophie ou à une analyse spectrale de l’administration que nous conduisent les auteurs ? Ou nous présentent-ils une suite de portraits et de caractères que l’aisance et la causticité du style apparentent à ceux de La Bruyère ? N’est-ce pas plus simplement une description interne de l’administration et des administrateurs, à laquelle manquerait un volet qui montrerait l’administré dans ses aspects multiples ?
En tout cas, l’ouvrage se lit facilement et fait naître la réflexion. Il est essentiellement descriptif, appliqué à l’état présent, et ne se hasarde pas à proposer d’autres formules grâce auxquelles l’administration et les administrateurs pourraient devenir « ce qu’ils pourraient ou devraient être ».
Cette analyse, quel que soit le niveau auquel le lecteur se place, est sans indulgence. Elle vise un état de fait : l’isolement de l’administration dans le pays, dans sa recherche du concret à travers l’imaginaire, l’arbitraire et l’anonymat. Les observations faites par les auteurs et retenues par eux pour élaborer la « philosophie » de l’objet de leur étude nous semblent porter surtout sur les hauts échelons, où la politique et l’administration ont une marche commune et indécise, où l’exécutant a une certaine marge de décision et participe dans une mesure non négligeable au pouvoir, où il est possible aux administrateurs d’assurer une continuité, dans l’indifférence théorique vis-à-vis des fluctuations politiques. Aussi, en définitive, cet ouvrage nous paraît devoir être classé dans les études socio-psychologiques consacrées à un milieu en apparence neutre et qui, de ce fait, a échappé aux investigations approfondies. Considéré de la sorte, il abonde en traits instructifs.