L’administration au pouvoir. Fonctionnaire et politiques sous la Ve République
Lorsque le pouvoir législatif l’emporte sur le pouvoir exécutif, celui-ci n’a plus l’autorité suffisante pour imposer à l’administration les mesures qu’il entend prendre. L’administration prend alors à sa place de nombreuses décisions ; son pouvoir et son influence s’accroissent.
À l’inverse, lorsque l’exécutif est fort, il met facilement un frein aux velléités d’autonomie de l’administration ; il s’en sert comme d’un moyen de gouvernement, comme d’un instrument direct de sa politique. La Ve République a-t-elle précisément réussi à dominer l’administration, à la transformer, à la rénover, en usant de l’autorité que lui conférait un pouvoir exécutif fort ?
Cet essai, assez court, s’efforce, avant de répondre à la question, d’examiner les données générales de l’action administrative dans le mouvement actuel des faits et des idées. En quelques tableaux fort clairs et rapidement commentés, il montre à quel point les membres de la fonction publique ont occupé les postes importants dans les ministères, réalisant ainsi une sorte de fonctionnarisation de la politique ; il souligne l’origine des administrateurs, notamment de ceux que fournit chaque année l’ENA. Il insiste sur l’évolution des idées d’autrefois sur la nationalisation des grandes entreprises et sur le néo-libéralisme qui en est la conséquence.
Les réformes administratives paraissent timides à l’auteur ; émanant de hauts fonctionnaires, elles ne pouvaient rénover le cadre administratif dans lequel ils ont vécu. La Ve République s’est laissé envahir par des personnalités issues de l’administration. Aussi, le rapprochement que désiraient les administrés ne s’est-il pas produit ; il ne pourrait se faire que par la démocratisation de la fonction publique.