La Seconde Guerre Mondiale. T. I : Les succès de l’Axe (1939-1943)
Ce premier tome de l’histoire de la dernière guerre se présente comme un manuel. Il en a l’aspect, les grandes divisions en parties, chapitres et paragraphes numérotés ; il contient aussi une abondante bibliographie, portant sur les généralités et les sujets particuliers traités successivement. Mais il laisse paraître, dans le style, dans les formules, dans les réflexions la personnalité de l’auteur. Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et Secrétaire général du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Le lecteur ne se trouve donc pas en présence d’un exposé froid et systématique : ni le ton, ni les idées, ne sont neutres. Et sans doute en va-t-il mieux ainsi. Car il semble impossible, à une si courte distance d’événements de cette ampleur, et dont les répercussions se sont fait sentir sur des situations matérielles de chacun, comme au fond de toutes les consciences, d’atteindre une parfaite objectivité.
D’ailleurs, est-il même possible de raconter l’histoire de la guerre ? Cet ouvrage fort documenté pose encore tant et tant de questions auxquelles il ne peut donner de réponses précises, à propos desquelles il est amené à ne faire que des hypothèses, que force est de se dire que cette histoire ne sera pas écrite de sitôt.
Est-ce suggérer qu’un tel ouvrage est prématuré ? Certes non. Ceux qui ont vécu la période décrite auront matière à la comprendre mieux, tout en réservant leur jugement sur bien des points à propos desquels l’auteur a pris position. Ceux qui sont plus jeunes trouveront un résumé suffisamment étoffé pour qu’aucun des aspects essentiels ne leur échappe, et, s’ils veulent en savoir davantage, les indications nécessaires sur les ouvrages actuellement parus.
L’auteur reconnaît qu’étant historien français et s’adressant d’abord à un public français, il a fait aux affaires françaises une part proportionnellement plus importante que celle qu’elles ont réellement tenue dans l’ensemble du conflit mondial. Une telle façon de faire est fort compréhensible, évidemment. Mais on peut se demander si, justement parce que les dimensions de cette guerre étaient inhabituelles, il n’aurait pas été plus frappant de ne donner aux affaires françaises que la place qui leur revenait ; ainsi sans doute, le lecteur aurait-il mieux compris les raisons de certains actes de nos Alliés et de nos ennemis, et aurait-il gardé une impression plus juste de ce que fut cette guerre, de ce que sont et peuvent encore devenir ses suites, de même que de ce que furent les difficultés de nos gouvernants dans une affaire où ils n’étaient, somme toute, qu’une partie prenante et non la principale.
Le sujet était donc malaisé. L’auteur l’a traité au mieux, et il faut attendre avec sympathie le second tome de cet ouvrage. ♦