Le plus grand drame du monde : la Chine de Tseu-Hi à Mao
Plutôt que d’écrire une histoire, l’auteur a fait une fresque à la manière impressionniste. Les images s’y succèdent, hautes en couleurs violentes sur un fond de rouge sang. C’est un procédé de journaliste habile à composer la « une » de chaque numéro. Le style dépouillé, souvent télégraphique, contribue à donner au lecteur une impression de rapidité, de tumulte et d’incohérence. Il faut reconnaître que la méthode est habile et que les enluminures qu’elle provoque frappent l’œil et l’imagination. De très nombreuses illustrations, si nombreuses qu’on ne sait trop si elles agrémentent et complètent le texte ou si celui-ci n’est que leur commentaire, donnent au surplus une impression de « choses vues ». Ce livre ferait sans doute un excellent scénario pour un film sur la Chine des cent dernières années ; sous sa forme imprimée, on le regarde autant et peut-être plus qu’on ne le lit.
Il est inutile de souligner davantage l’originalité de l’ouvrage. Mais le lecteur qui veut y chercher une histoire véritable y trouve-t-il son compte ? Non, s’il désire des thèses longuement argumentées et posément prouvées ; mais oui, s’il aspire à avoir une impression vivante du temps passé qui se prolonge jusqu’aux jours que nous vivons. Il est probable d’ailleurs que, devant de tels événements, il est plus sage de ne pas demander encore la philosophie de cette histoire de bouleversements incroyables, de crimes monstrueux, de recherches passionnées d’une vérité nouvelle en laquelle s’uniraient l’apport de l’Extrême-Orient et celui de l’Occident. Mais quelle conclusion tire l’auteur ? Il n’y a pas de conclusion… Mao, après Tseu-Hi, a tenté de concrétiser un rêve dans la pâte humaine de sept cents millions de Chinois. Mais, comme écrit Lucien Bodard dans les toutes dernières lignes, « comment savoir ce que pensent sept cents millions de Chinois ? ». ♦