Israël et le refus arabe. 75 ans d’histoire
Il y a fort à parier que le lecteur qui aura entamé ce livre ne s’arrêtera pas en chemin et le poursuivra jusqu’à la dernière page. Celle de ses qualités qui frappe au premier abord, c’est l’élan avec lequel il est écrit.
La thèse est que le refus arabe porte sur la présence de l’État d’Israël au cœur des terres depuis longtemps occupées et « arabisées ». Israël est une tête de pont européenne au Moyen-Orient, organisée comme une forteresse, disposant d’une population développée et d’une technique moderne. Ce sont là des facteurs qui pourraient être favorables à une entente, s’ils pouvaient être posément et objectivement exploités. Mais les passions sont exacerbées, de part et d’autre, à un point tel que la raison ne peut s’imposer. Les Arabes, libérés du colonialisme, en voient réapparaître le risque sur une portion de leur territoire. Israël a des activistes qui poursuivent un rêve d’expansion, voire de domination, qu’une sorte de fièvre obsidionale chronique transforme en agressivité.
Après un long et passionnant récit historique, couvrant les soixante quinze ans depuis lesquels le sionisme a voulu s’implanter au Moyen-Orient, l’auteur fait une conclusion qui résume ses arguments ; conclusion dense, séduisante, mais qui risque fort de ne pas être comprise de ceux auxquels elle devrait s’adresser en premier lieu : les Israéliens et les Arabes que la situation présente maintient face à face.
Comme l’écrit l’auteur lui-même, la thèse soutenue n’est ni irréfutable ni irrévocable. Mais encore faut-il, pour la combattre, apporter des arguments solidement étayés sur des faits précis, en dehors de toute influence partisane ou passionnelle. L’histoire se déroule et ce qui paraît aujourd’hui insoluble peut devenir soluble demain ou dans l’avenir. Cet avenir ne semble pourtant pas proche à Maxime Rodinson, dont les jugements sur les motivations des belligérants et des principaux pays du monde sont marqués d’une crudité objective.
Parmi les livres inspirés par le conflit israélo-arabe, celui-ci prend indiscutablement une place à part et mérite d’être lu par ceux qui professent a priori les opinions les plus diverses. Peut-être y trouveront-ils une source de communes réflexions ? ♦