Né de la réaction des Européens effrayés par l'expansionnisme soviétique et notamment par le « coup de Prague » de février 1948, le Traité d'alliance signé à Bruxelles en mars 1948 avait fait lever l'espoir d'une union politique de l'Europe. Le projet avorta en raison du refus que lui opposa la Grande-Bretagne. Privé ainsi de sa perspective essentielle, le Traité, modifié par les Accords de Paris, permit cependant la réhabilitation de la République fédérale d'Allemagne (RDA) et sa participation à la défense dans le cadre du Traité de l'Atlantique. Mais l'Union de l'Europe occidentale (UEO), dont la filiation remonte au Traité de Bruxelles, se démit de ses responsabilités essentielles en matière de défense au profit de l'Otan, qui avait été mis sur pied entre-temps et qui apportait à l'Europe l'appui substantiel des forces américaines. C'est toute cette évolution historique que rappelle ici l'auteur. C'est une tout autre Europe qui aurait vu le jour si le courant atlantique ne l'avait ainsi emporté sur le courant proprement européen en raison du temps perdu de 1948 à 1954.