L’adieu aux barbus
Il ne faut pas chercher dans ce reportage rapide, incisif, brillant, une étude exhaustive de la question cubaine. Le lecteur y trouvera des impressions, vivement exprimées en une langue alerte, et des jugements qui paraissent souvent émis à l’emporte-pièce, mais sont pourtant le résultat d’expériences vécues et de réflexion mûries.
Les auteurs estiment que derrière la façade du castrisme, dont l’exubérance a un côté sympathique et amusant, se met en place un régime communiste dur, austère, qui forme la jeunesse et la conditionne ; un régime qui, le temps venu, se débarrassera des « barbus » pittoresques des années de révolution. Le peuple subit cette transformation, mais n’y participe pas ; il regrette le temps de l’abondance et de la vie facile, même s’il applaudit aux réalisations positives qu’il doit à Fidel Castro : un nettoyage des mœurs politiques et administratives, la création d’une armée forte, l’établissement d’un admirable système d’instruction. Mais Cuba paie ces avantages d’un isolement total, d’une dictature policière insupportable, d’une baisse notable du niveau de vie. Ce sont des conditions qui ne sont pas faites pour ce pays et ses habitants, pensent les auteurs ; aussi 400 000 Cubains sur 6 millions ont déjà quitté leur terre natale pour se soustraire au régime.
Les impressions pessimistes de Pierre et de Renée Gosset sur le présent et l’avenir de Cuba ne seront évidemment partagées que par ceux qui voudront les prendre pour vraies. Il est difficile de rester objectif en cette matière. Aussi le lecteur ne doit-il chercher dans ce livre qu’un avis, qu’une opinion parmi d’autres ; la façon agréable que les auteurs ont de la donner ne doit pas empêcher cependant de la prendre au sérieux. ♦