Panzer sur l’Europe
L’auteur a commencé la guerre à la tête d’un régiment de cavalerie « à cheval », est-il nécessaire de préciser, tant le fait paraît anachronique. Puis il occupa différents postes, notamment commandant militaire du département d’Ille-et-Vilaine, puis chef de la mission de liaison entre les Commissions d’armistice de Wiesbaden et de Turin ; il commande ensuite une division blindée sur le front oriental, est envoyé en Italie, se bat à Cassimo.
Dans ce livre épais, il a réuni ses souvenirs de combattant sans espoir. En effet, dès le début des hostilités, le général von Senger ne croit pas à la victoire de l’Allemagne parce qu’il n’a aucune confiance dans le gouvernement nazi. Il assistera donc aux victoires comme aux défaites avec un sentiment très différent de celui de la plupart des chefs allemands qui ont écrit leurs mémoires ; c’est ce qui donne à son ouvrage un caractère tout particulier. Le récit des faits est accompagné de réflexions sur des sujets les plus divers, mais surtout sur la stratégie et la politique. Il serait assez vain de vouloir les résumer en quelques lignes, car précisément la diversité des sujets abordés interdit toute synthèse véritable. Il faut lire le livre pour en apprécier la justesse et la perspicacité.
Un point pourrait paraître obscur et discutable : pourquoi un opposant au régime nazi l’a-t-il servi si longtemps et si bien ? Il donne une explication qui, sans le concerner directement et personnellement, vaut pour l’ensemble des officiers qui ont fait comme lui. « Menacés dans leur existence même, écrit-il, ils se maintenaient à leur poste pour éviter au moins le pire, par leur exemple et leur influence ».
On s’intéressera certainement à ce livre varié, que sa longueur empêchera peut-être de lire de bout en bout d’une seule traite. Mais il est sans doute préférable de faire la lecture d’un ouvrage de ce genre par fragments, ce qui permet de mieux en apprécier le témoignage et la portée. ♦