Stratégie pour l’Occident
En sous-titre, l’ouvrage porte : « L’URSS dans l’Otan ? », ce qui pour le moins peut sembler paradoxal. La dernière phrase du livre précise le sens de cette interrogation : « Cet état de choses n’est pas pour demain. Mais il nous appartient de le prévoir ».
Mais entre ces deux extrêmes, le titre et la conclusion, l’auteur a longuement analysé la situation présente du monde et les directions vers lesquelles tout laisse croire que son avenir se développera. Dans une « étude liminaire », il a donné son opinion sur la philosophie de la défense de l’Occident, qui le conduit à écrire : « Par la force des choses, l’Otan, loin de constituer un simple appareil militaire, doit donc nous apparaître comme une sorte de concrétisation institutionnelle de l’Occident en marche dans un monde qui aspire aux grands ensembles. Car jamais autant que de nos jours l’humanité n’a eu le sens de l’universel, de l’unité ».
Fernand-Thiébaut Schneider s’efforce ensuite de définir quelle pourrait être la forme d’un éventuel conflit, dans lequel il voit non seulement l’aspect militaire, mais aussi les aspects psychologiques et économiques dont l’ensemble forme « la menace globale ». Ce qui l’amène logiquement à étudier ensuite les stratégies possibles de l’Occident dans ces divers domaines. Sur ce point, il résume les opinions de seize personnalités françaises et alliées, en faisant apparaître chacune d’elles sous ses traits caractéristiques.
Ainsi est conçu cet ouvrage, dont le lecteur appréciera la clarté et la documentation. Peut-être regrettera-t-il la sécheresse de l’exposé, qui se poursuit comme une démonstration rigoureuse, mais austère.
Il ne saurait être question de discuter ici les opinions avancées par l’auteur ; il faudrait un volume plus dense que le sien pour les analyser. La donnée générale de sa thèse paraît juste. Le tout est de savoir à quel moment et dans quelles conditions les grands ensembles dont il esquisse les masses se réaliseront dans les faits : l’Europe, puis l’Euramérique, englobant tout ou partie de l’Afrique, devant l’Asie dominée par la Chine et son milliard d’hommes. S’il est permis d’espérer qu’un jour ce rêve se réalisera, et de souhaiter qu’il se concrétisera pacifiquement, ce qui serait la suprême victoire de la « stratégie de l’Occident », rien ne permet encore d’entrevoir des étapes et moins encore des échéances. ♦