Napoléon reprend Paris
Une suite de chapitres très courts, dont chacun est un tableau très vivant, la scène se situant sur la route de Lyon à Paris, à Paris, à Vienne, dans diverses localités de France. Des récits fort alertes, s’enchaînant et reconstituant les sept jours du 14 au 20 mars 1815, dans lesquels, sans commentaires superflus, les pensées des acteurs apparaissent sous les actes. Une histoire en images colorées qui donnent de l’événement raconté une impression que le lecteur n’oubliera pas. Tel est ce livre de Claude Manceron, agréable à lire et plein de sujets de réflexion que chacun peut exploiter à son gré.
On s’aperçoit, en entrant dans le détail de ces journées, bien que le peuple ait accueilli le retour de l’Empereur, bien que les soldats l’aient reçu avec le plus grand enthousiasme, à quel point les ralliements des chefs militaires et civils furent en général nuancés, réticents et parfois contraints. Napoléon lui-même était malade, et l’on pourrait dire que Waterloo est en filigrane dans ce retour de l’île d’Elbe.
Claude Manceron esquisse une thèse, plus qu’il ne la défend. Le retour de Napoléon à Paris a été en partie manqué, et c’est ainsi qu’une nouvelle révolution a avorté, une révolution qui aurait pu assurer à l’Europe une stabilité en même temps qu’un progrès qu’elle n’a pas retrouvé plus tard. Il écrit, en parlant du 20 mars 1815 : « L’humanité, cette année-là, pouvait prendre un siècle d’avance ». On pourra regretter peut-être que l’auteur n’ait pas davantage insisté sur ce point, qu’il énonce au début de son livre et qui s’atténue et s’efface dans le récit des événements. ♦