Le Maréchal Masséna (1758-1817)
On croit volontiers connaître les grands hommes, parce que l’on connaît les événements auxquels ils ont participé et dans lesquels ils se sont illustrés. La lecture du livre que René Vallentin vient d’écrire sur le Maréchal Masséna peut inciter à plus de modestie.
Comme l’auteur l’annonce lui-même, il apporte peu de choses nouvelles dans un livre qui veut être surtout une synthèse et une mise au point des nombreux ouvrages qu’a déjà inspirés le Maréchal. René Vallentin, sans s’écarter des limites de son sujet, a décrit avec une grande clarté et une grande aisance la vie et les actes de Masséna, en les situant remarquablement dans leur époque. Considérant que les accusations contre la vie privée et l’honnêteté même du Maréchal sont largement exagérées et ne tiennent précisément pas compte des conditions et des mœurs des temps troublés où vivait son héros, l’auteur en est venu à faire, non un panégyrique, mais un plaidoyer en faveur du Maréchal Masséna. On pourra trouver peut-être que ce plaidoyer va parfois un peu loin : l’esquisse d’un parallèle entre le génie militaire de Masséna et celui de Napoléon, où le lecteur sent l’auteur tenté de conclure, au moins pour certains des aspects de la valeur militaire des deux hommes, en faveur de son héros, est un exemple de ces exagérations où le lecteur ne suivra pas l’auteur. Mais il est indiscutable que le plaidoyer de René Vallentin porte, lorsqu’il se propose de nous rendre Masséna sympathique, et de nous le peindre comme un des meilleurs hommes de guerre de cette période, qui en produisit tant.
Et d’autre part, il est toujours utile de suivre la vie mouvementée de ces hommes devenus légendaires, de les retrouver aux prises avec les difficultés de leur métier, avec celles aussi de l’existence, avec leurs disgrâces succédant aux périodes d’éclat, avec leurs crises de conscience devant les circonstances politiques changeantes. Sur ces différents points, le portrait de René Vallentin est particulièrement réussi, et ne peut laisser aucun lecteur indifférent. ♦