D’Estherhazy à Dreyfus
Malgré l’accumulation des événements qui se sont déroulés depuis l’affaire Dreyfus, de nombreux lecteurs s’intéressent toujours à ce drame qui déchira pendant dix ans notre pays. Ils accueilleront avec curiosité la thèse que Henri Girard d’Estaing développe dans ce court ouvrage, et leur opinion sera sans doute partagée sur les conclusions auxquelles il aboutit.
On peut résumer celles-ci en disant que, d’après l’auteur, les faits qui devaient motiver le procès furent à l’origine ceux d’une campagne d’intoxication volontairement menée par le ministre de la Guerre pour tromper les Allemands sur nos plans de mobilisation et sur la valeur de notre artillerie. Une raison d’État d’ordre supérieur empêchait donc de dévoiler la vérité, et conduisait à sacrifier aux impératifs de la défense nationale l’honneur et la liberté d’un officier.
Mais cette conviction, considérée comme établie, repose sur des faits dont l’interprétation peut souvent prêter à critique. Aussi, pour tenter de rendre plus cohérente et plus démonstrative la thèse qu’il a soutenue, l’auteur est-il conduit à proposer une explication plus générale, en soulignant d’ailleurs certaines faiblesses de l’argumentation. Et nous laissons au lecteur le soin de l’apprendre dans ce livre. ♦