Sous le regard de Dieu
Les souvenirs professionnels d’un célèbre chirurgien allemand se présentent sous la forme d’une suite de quinze récits, dont chacun est, du seul point de vue littéraire, une véritable nouvelle, parfois grave, parfois comique, parfois hallucinante, parfois émouvante. Il s’agit toujours de « cas » dans lesquels une opération s’est révélée nécessaire, et le récit s’ordonne autour de cette opération, minutieusement décrite, sans termes techniques, mais avec des explications suffisantes pour qu’un profane puisse aisément comprendre sa nature, sa difficulté et son caractère exceptionnel : opérations du cœur, du cerveau, de la moelle épinière, etc.
Mais si ce livre ne contenait que ces données, s’il n’était même qu’une brillante réussite littéraire, il n’entrerait, somme toute, que dans une catégorie connue et prendrait place auprès de nombreuses œuvres semblables.
Ce qui fait son intérêt, ce qui passionne et parfois bouleverse le lecteur – le terme n’est certainement pas trop fort – c’est la qualité des sentiments humains qui animent l’auteur, cette anxiété de lutter contre la maladie en tenant compte du malade, de ses réactions et de son état d’esprit, cette volonté de l’incorporer à la lutte contre le mal et d’en faire le principal artisan de sa guérison. Ainsi, la pitié du chirurgien pour son patient, se double d’une qualité plus grande : celle de vouloir faire agir ce patient, de lui donner le goût de la vie et de la lutte, de le faire arriver à la guérison véritable, c’est-à-dire, suivant la définition de Paracelse que rappelle le docteur Killian, « une conception optimiste et même joyeuse de la vie, une attitude résolument positive ».
Le docteur, le chirurgien peuvent « réparer » tel ou tel organe malade. Peuvent-ils réellement guérir ? C’est sur cette question que se termine ce Livre, « Le médecin soigne, Dieu guérit », tels en sont les derniers mots.
Certes, mais Dieu demande qu’on l’aide. « Aide-toi, le ciel t’aidera ». Le Docteur Killian aide ses malades à s’aider eux-mêmes ; le médecin, le patient forment une ligue contre la mort, « sous le regard de Dieu », qui fait le miracle.
Ce livre est un témoignage vraiment extraordinaire de ce que peut être une vie d’homme consacrée à ses semblables. Il enrichira le lecteur de connaissances et plus encore de confiance ; à lui seul, il est déjà un remède contre le pessimisme. ♦