La vie quotidienne des Aztèques
Il est peu d’exemples aussi caractéristique de la fragilité des civilisations humaines, que celui que nous présente ici Jacques Soustelle. Issus de tribus primitives de nomades chasseurs, les Aztèques, après cinq siècles de barbarie, prennent progressivement contact avec les sédentaires Toltèques, hautement civilisés. Puis, ils font irruption dans leur habitat. Suivant le processus habituel, le conquérant adopte la culture supérieure du vaincu. C’est le développement des différentes formes de cette culture qui est l’objet de ce livre. Durant un siècle (de 1430 à 1519), il nous est donné de mesurer la valeur d’une civilisation à base autoritaire et mystique, d’un caractère sans équivalent, à ce moment-là, dans le monde. Puis, en plein épanouissement, c’est le débarquement de Fernand Cortes, et c’est la conquête violente qui, en quelques années, anéantit toutes les formes et presque toutes les traces de la culture ancienne.
« Tels qu’ils furent, avec leurs grandeurs et leurs faiblesses, leur idéal d’ordre et leurs cruautés ; fascinés par le mystère du sang et de la mort : sensibles à la beauté des fleurs, des oiseaux et des pierres ; religieux jusqu’au suicide ; admirablement pratiques dans l’organisation de leur État ; attachés à leur terre et à leur maïs, le regard en même temps toujours levé vers les astres, ces hommes de l’Ancien Mexique ont été des civilisés. »
« Leur culture, si soudainement anéantie, est une de celles que l’humanité peut s’enorgueillir d’avoir créées. Elle doit prendre place dans l’esprit et dans le cœur de ceux pour qui notre patrimoine commun se compose de toutes les valeurs conçues par notre espèce, en tout temps et en tous lieux, parmi nos trésors, si précieux parce que si rares. De loin en loin, dans l’infini de la durée et au milieu de l’énorme indifférence du monde, des hommes réunis en société donnent naissance à quelque chose qui les dépasse, à une civilisation. Ce sont les créateurs de culture. Et les Indiens de l’Anahuac, au pied de leurs volcans, sur les bords de leurs lagunes, peuvent être comptés parmi ces hommes-là. » ♦